Les Francs-Maçons

au Maroc

sous la IIIe République

1867 - 1940

implantation  au  Maroc : 1867 - 1922

 

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Odo Georges
Table Générale des matières - Bibliographie  . § 1 - 1867 Implantation au Maroc  .  § 2 - 1925 Les FF∴ et Lyautey  . § 3 - 1927 Steeg et l'extériorisation . § 4 - 1929/1930 Décret berbère . § 5 - 1931 Problèmes internes . § 6 - 1933 Politisation intensifiée§ 7 - 1934 les "Affaires"  .    § 8 - 1936 le Front Populaire  . § 9 - 1938/1940 : Fin d'une époque  .  § 10- la Franc Maçonnerie et la presse  . § 11- les loges espagnoles  .   § 12- Tanger zone internationale  . § 13 - Moulay Hafid  . ............................                Tableau des Loges

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Voir en complément  :  Le chapitre de Casablanca 1921.1940
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Les_premières_loges_avant_le_protectorat_de_1912
Après_le_Traité_de_1912,_les_loges_sur_la_côte_Atlantique._Le_choix_révélateur_de_leurs_noms
Un_cas_intéressant :_le_F:._Zerbib_Elie_Théodore
Après_1922,_les_loges_vers_l'intérieur_du_pays,_avec_des_noms_dans_la_logique_initiale.
 
 
CHAPITRE     I
 
L’implantation au Maroc : 1867 – 1922

 
Les premières loges avant le protectorat de 1912
 
A Tanger, réside la doyenne des loges francophones dont l’allumage des feux ne fait qu’accompagner le mouvement en cours dans le Nord du Maroc, sous l’égide de l’obédience espagnole.
 
Dès 1867, Haïm Benchimol - drogman de la Légation de France, directeur de l’influent journal  Réveil du Maroc, directeur de la banque Transat, membre fondateur de l’Alliance Israélite Universelle et de l’Alliance Française au Maroc, correspondant des Compagnies Maritimes et de l’agence Havas - devient président fondateur de la loge maçonnique de Tanger, fondée par les juifs marocains "protégés" ou naturalisés Français. La loge connaît des fluctuations sensibles au gré des circonstances ; tantôt liée aux intérêts français, elle reçoit l’élection de  Crémieux comme un triomphe, tantôt elle est réputée plus proche de l’Angleterre. Quoiqu’il en soit, elle connaît un grand succès dans les milieux israélites tangérois. Elle agit comme un puissant facteur d’européanisation avec les autres loges, espagnoles, qui vont se multiplier. En 1876, elle est composée de 73 FF\ dont le premier initié Marocain, Mohamed Doukali. Si l’opinion publique et le consulat attribuent cette loge éphémère au GODF, en fait "L'Union 194" dépend de la GLDF.

 

  Il faur noter qu'en 1890  un Grand Orient du Maroc est créé sous l'impulsion des deux FF\espagnols : Philippe Cervera de Bavière et Philippe de Bourbon. En 1891 ce GODM disparaît et les quelques  FF\ concernés rejoignent le Grand Orient Espagnol.
 
C’est en 1891 que "La Nouvelle Volubilis" loge du GODF apparaît, à une époque où la main mise sur le Maroc se renforce. Les loges, d'une façon générale, participent à cette pression grâce à leurs relations avec la presse en Europe. A Féraud, le consul Français en place qui défend la loyauté envers le Maghzen - c'est à dire le gouvernement marocain - les loges préfèrent la ligne du "parti colonial". Groupe de pression dont le porte-parole est le F:. Etienne député d’Oran ; sans oublier  J. Siegfried au Sénat, le Comité de l’Afrique Française du Prince d’Arenberg et l’Union Coloniale Française qui se définit elle-même comme un "syndicat des principales maisons françaises ayant des intérêts aux colonies". D’ailleurs, pour cette politique au Maroc, les ressources financières ne manquent pas, "le Printemps" de Jaluzot et la Cie Transat y pourvoyant largement.
 
    C’est dans ce contexte, très représentatif de la République opportuniste, qu’est née "La Nouvelle Volubilis", en souvenir de Volubilis, ville romaine construite entre Fez et Meknès. Nom pour le moins évocateur d’un retour impérial, économique et culturel,   dont "La Nouvelle Tamusiga", quelques années plus tard à Mogador, sera comme un écho.

    Fait notable de lcet intérêt porté à la Maçonnerie comme moyen d'ouverture vers l'Europe, en janvier 1892  sous le règne de Hassan I°  une "ambassade maçonnique marocaine" se rend en Espagne pour "demander d'initier le sulttan et cinq mille personnalités marocaines". Cette ambassade, en effet, s'inscrit dans une démarche globale qui fait qu'entre 1874 et 1888, ce sultan envoya huit missions marocaines d’études totalisant environ 350 personnes, dans les différents pays d ’ Europe et en Egypte.

L'acte d'Algésiras est signé, en 1906, et donne le contrôle de huit ports marocains aux gouvernements français et espagnols.
Dès 1907 à Casablanca  - où progressivement la pression française s’est concentrée - les prémices à la vie maçonnique se font bientôt  sentir. A cette date, certains FF\ sont déjà regroupés dans une loge "Casablanca 386" créée en pleine médina et affiliée au GO d'Espagne. Ces mêmes FF\ vont aider à former un "triangle" affilié au GODF, alors que le Maroc est poussé dans l’engrenage qui doit le conduire au Protectorat. La menace contre leur indépendance provoque chez les Marocains des actes d’hostilité à l’égard des étrangers.... En mars 1907, les troupes françaises occupent Oujda en réponse à l’assassinat du docteur Mauchamp à Marrakech...  En juillet, l’effervescence grandit tant à Casablanca que dans les tribus voisines à cause des travaux entrepris au port par une société française et de l’installation de contrôleurs européens de la dette auprès des douanes marocaines... En août, le consulat de France assiégé est dégagé par les marins du Galilée et du Chayla... Pourtant, ne doutant nullement de la pérennité de la présence française au Maroc, le millier d’Européens présents à Casablanca non seulement s’installe mais s’accroît rapidement. Avant même que le Protectorat ne soit imposé au Maroc, dans la logique de l’Acte d'Algésiras qui a imposé, dès 1906,  le contrôle du pays par les Européens. Ceci explique que les FF:., qui étaient trois en 1907, sont sept le 26 juin 1910 et passent du triangle initial à une loge : "Le Phare de la Chaouia".
 
Après le Traité de 1912, les loges sur la côte Atlantique. Le choix révélateur de leurs noms
 
Casablanca La ville est en pleine extension.  Le nom "Le Phare de la Chaouia" est ici caractéristique du credo de l’époque, riche d'une certaine mystique humanitaire dont l’ampleur et la profondeur ne sauraient être sous-estimées, à savoir : "La présence de la France n’apporte pas seulement les conditions du développement matériel, les techniques modernes, les découvertes les plus récentes de la science, les moyens de lutte contre la maladie et la mort, l’hôpital, le médecin, la vaccination ; elle signifie aussi la fin des vieilles oppressions, des antiques tyrannies de l’exploitation de l’homme par l’homme ; elle signifie enfin la lutte contre l’ignorance et la superstition, en assurant par l’éducation le triomphe de la Raison". Tout cela rejoint un système d’habitudes européennes, aussi bien chez les républicains que chez les royalistes, chez les hommes de droite que chez ceux de gauche. Pour la grande majorité, d’évidence, existe la primauté de la civilisation européenne  "en vérité la seule civilisation". "Le Phare de la Chaouia" symbolise dans l’esprit de ses créateurs, représentatifs de toute une époque, les Lumières face aux Ténèbres !
 
Comme pour affirmer cet état d’esprit "civilisateur", trois loges au nom significatif sont créées sur la côte Atlantique : "Le Réveil du Maghreb" à Rabat, "El Bridja des Doukkalas" à Mazagan et "La Nouvelle Tamusiga" à Mogador.
 
A Rabat, une vingtaine de FF:. procèdent à l’allumage des feux de la troisième loge du GODF au Maroc le 7 février 1918. Ils sont en concurrence avec la loge "Moulay Hassan 395" du GO d'Espagne, avant que les FF\ de cet atelier ne viennent les rejoindre, avec à leur tête le F\ Carette Bouvet.
 
Ces FF:. fondateurs de la loge rabatie "Le Réveil du Maghreb" sont les mêmes qui, dès le mois de mars de la même année, vont signer avec les casablancais la demande, adressée à Paris, pour la création à Casablanca d’un S\Ch\ - Souverain Chapitre - au grade de dix-huitième. Gestes révélateurs de certitudes optimistes au moment où, ici, toute une partie du Maroc est encore "insoumis" et, là bas, la France subit l’attaque de Luddendorff, en Champagne, offensive qui risque d’être fatale.
 
"Le Réveil du Maghreb", dans un tel contexte, est symptomatique d’un double acte de foi de la part de ses créateurs. Par sa mise en place, foi en la pérennité de la présence d’une France victorieuse là-bas et ici ; par sa dénomination, credo d’une promotion intellectuelle et morale du Maghreb - c’est à dire du Maroc - maintenu sous tutelle française.
 
Au demeurant, attitude également militante de cette vingtaine de FF:. regroupés dans un local bien modeste mais surveillé : "au moment de la sortie des tenues se trouvaient sur le trottoir d’en face des agents qui essayaient de nous dévisager et de nous reconnaître ; dans le but qui fut d’ailleurs atteint puisque, nous le sûmes, la liste des membres de notre jeune loge avait pu être établie et voisinait avec celle des gens suspects, dangereux et à surveiller. C’était l’époque de représailles administratives que plusieurs d’entre nous eurent d’ailleurs à subir et qui se manifestèrent par des déplacements de postes brusques et injustifiés...". Tableau révélateur de l’antagonisme manifesté à l’encontre de la FM\ par de nombreux administrateurs de la Résidence profitant, d’une part de la manifestation dans la France d’après-guerre d’un sentiment conservateur concrétisé par la Chambre bleu horizon, et d’autre part du désir de Lyautey d’éviter au Maroc l’implantation de sociétés philosophiques ou politiques métropolitaines.
 
En 1920, à Mazagan - redevenu El Jdida en 1956 après l’indépendance - les FF:. intitulent leur loge "El Bridja des Doukkalas", autrement dit "le fortin de la province des Doukkalas" en souvenir d’un passé évocateur. En effet, en 1502, les Portugais avait installé un fortin "El Bridja El Jdida" pour imposer leur présence. Donc, de la part des FF:., volonté affirmée de se maintenir. Mais dans un esprit que "la chapelle de l’Inquisition", où ils se réunissent, leur permet de préciser : "Au-dessus des misères que ces murs ont pu voir, la Franc-Maçonnerie maintiendra son pavillon de fraternité, égalité, liberté, générosité et paix".
 
Créée le 10 juin 1920, cette loge sera sensibilisée, dès ses débuts, au problème des rapports inter-obédientiels. L’année même de sa création, "El Bridja des Doukkalas" propose une association dont le premier article des statuts stipule : "entre tous les ateliers relevant des GODF, GLDF et Suprêmes Conseils de France et qui adhèrent aux présents statuts il est créé une association qui prend le titre de Fédération Maçonnique Marocaine" ; ce qui n’est pas sans alarmer le Conseil de l’Ordre à Paris.... Mais, dès l’année suivante, des transfuges vont créer la loge affiliée à la GLDF sous le nom évocateur de "Tit", petite capitale des Doukkalas qui s’était attaquée en 1515 à la jeune forteresse portugaise El Bridja. Aussitôt les rapports s’enveniment entre les deux obédiences, le Conseil de l’Ordre retrouvant là une affaire plus conforme aux schémas classiques métropolitains.
 
A Mogador (Essaouira de son nom arabe), en 1920 encore et  toujours sur la côte Atlantique, s'ouvre "La Nouvelle Tamusiga". En référence au nom donné par les Phéniciens, lors du périple d’Hanon, à une rade fixée hypothétiquement par les historiens à Mogador. Ces Phéniciens qui, aux yeux des Européens, représentent l’antiquité source de civilisation et sur les traces desquels les Français reviennent pour sortir le Maroc de son long Moyen Age et opérer une sorte de Renaissance en plein XXe siècle...
 
Les feux de la loge sont allumés sous l’impulsion des FF:. Mercier et surtout Sandillon Ferdinand** qui a débarqué à Mogador dans les années 1890 pour le compte du groupe Jaluzot** après avoir été initié à Tanger, plaque tournante du fameux groupe en question. Sous l’impulsion également du F:. Regnault, déjà membre fondateur de la loge de Casablanca ; F\ dont les heurts sérieux avec la Résidence, en 1924, vont illustrer les difficultés souvent rencontrées par les FF:. du Maroc au sein de la communauté européenne tout au long du Protectorat. Sans compter l’hostilité manifestée par de nombreux cadres de l’administration et de l’armée avant la victoire du cartel des gauches en 1924, hostilité qui réapparaîtra par la suite chaque fois qu’une poussée vers la droite se fera sentir.
 
C’est à Mogador, aussi, que l’on découvre un F\du GODF assez particulier et qui mérite attention, en tant que personnage type, à plusieurs titres, de certaines "perspectives coloniales" de l’époque concernée : Zerbib Elie Théodore.

 

 
Un cas intéressant : le F:. Zerbib Élie Théodore
 
Né à Constantine, en 1843, fils d’un grand rabbin d’Algérie, Zerbib** s’installe à Alger comme libraire. Il est initié à Bélisaire et y reçoit la maîtrise en 1874. Sa présence, avec celle de  cinq autres israélites, témoigne de l’intérêt que porte le GODF à cette communauté. Certains FF\ se rappelaient sans doute le rôle qu’avaient joué les juifs depuis l’établissement des Français et d’autres allaient même jusqu’à penser que c’est par eux que l’on arriverait aux  musulmans ! C’est ce qu’avance avec insistance le F:. Crémieux : "Employez les juifs pour amener à vous les Arabes...". Crémieux qui obtiendra, avec l’appui de nombreux maçons, la naturalisation massive des juifs avec l’espoir donc qu’à longue échéance les Arabes suivraient.
 
Zerbib arrive à Mogador, en août 1875, où après une opposition forte à la Légation de France il devient aide politique du consul. C’est ce qui l’amène, le 28 janvier 1884, à recevoir Charles de Foucauld**  qui restera quarante cinq jours durant à Mogador profitant de l’hospitalité de la communauté israélite avant de se lancer à la découverte du sud marocain interdit aux "roumis". Voyage d’importance en matière de pénétration française au Maroc, à laquelle de nombreux juifs sont  favorables.
En 1886, marié à une Anglaise après la mort de sa première épouse Française et converti au protestantisme, Zerbib remplace le pasteur Guisbourg à la tête de la section marocaine de la "London Society promoting christianity amongst the jews". Le choc, grand pour la communauté juive de Mogador, est loin d’être anodin pour la Légation de France. En effet il est alors communément admis que celui qui porte la croix, en missionnaire, sur les terres lointaines y porte en même temps, explicitement ou non, le drapeau de son pays.
 
Vers 1915,  Zerbib devient doyen de la colonie européenne de Mogador : homme rebondi et joyeux, son hospitalité est légendaire. En 1916, logique avec lui-même, il se retrouve fondateur de la "Société de Géographie du Maroc". Or, il est patent que ces Sociétés de Géographie, placées au centre d’un réseau de plus en plus large, jouent le rôle de groupe de pression avec leurs ramifications à travers la France et l’Empire. Ces sociétés en outre disposent d’une presse qu’on peut qualifier de spécialisée et leur influence s’exerce de façon très sensible sur des publications d’une incontestable autorité comme La Revue des Deux Mondes. Au demeurant, pas plus les géographes que les découvreurs ne prétendent poursuivre leurs entreprises au nom des seuls impératifs d’une science désintéressée : les progrès de la connaissance de la terre doivent assurer à la France plus de rayonnement. Enfin, en 1920, Zerbib participe à la fondation de la R.L. "Woodrow Wilson n°479" de la GLDF à Mogador. Cette loge, au rite écossais,  draine aussitôt les éléments israélites en plus grand nombre que "La Nouvelle Tamusiga". Le même constat peut se faire un peu partout à travers le Maroc, l’argument du rite écossais - REAA - étant souvent avancé.
 
Au soir de sa vie, Zerbib une fois de plus s’avère être révélateur d’un problème de fond. En effet, il est certain que la laïcité militante du GODF a gêné nombre d’israélites plus à l’aise à la GLDF de ce point de vue. En se dépouillant de son caractère spiritualiste et en se mettant sous la seule égide de la Raison, le GODF s’est condamné à recruter uniquement parmi les agnostiques et les athées, très peu nombreux dans les communautés musulmanes et juives. Contradiction douloureuse pour de nombreux FF:. des loges GODF du Maroc qui aspirent justement à toucher en profondeur ces communautés.
 
En octobre 1920, disparaît ce personnage du "vieux Maroc" ayant, sa vie durant, symbolisé à la fois la promotion du juif algérien à la suite du décret Crémieux d’octobre 1870, l’intérêt porté par la colonie algérienne à la pénétration française au Maroc, le rôle joué par des FF:. dans cette aventure, les méthodes de pénétration coloniale sous le biais de missions géographiques ou religieuses, l’importance de la communauté israélite dans l’ouverture du Maroc, enfin les rapports GODF-GLDF et leurs orientations respectives au Maroc.
 
Après 1922, les loges vers l'intérieur du pays, avec des noms dans la logique initiale

Une fois assurée l’implantation sur la côte Atlantique, le Souverain Chapitre de Casablanca, qui joue un rôle prépondérant jusqu’en 1925 dans l’évolution du GODF au Maroc, s’intéresse aux villes de l’intérieur, récemment "pacifié", sur l’axe Maroc Atlantique - Oranie qui tient au cœur des Français d’Algérie. ..

 

A cette date où vient de se terminer justement la prise en main du Maroc utile, en attendant la suite, l’arrivée de nombreux fonctionnaires français, déjà initiés en France ou en Algérie, et l’amélioration des moyens de transports vers l’intérieur permettent la réalisation de ce projet maçonnique. D’autant plus que ces fonctionnaires, le plus souvent radicaux ou socialistes, ne voient aucun grief à formuler à l’encontre de cette implantation.
 
Les FF:. d’appartenance radicale admettent, à la suite d’Albert Sarraut, que la colonisation a pris le visage d’une grande œuvre de solidarité. Les FF:. d’appartenance socialiste retiennent que Jaurès a surtout multiplié ses critiques à l’égard des modalités de la politique coloniale mais qu’il a admis le principe du devoir de civilisation qu’impose aux sociétés européennes leur supériorité présente.
 
En 1922 donc, à Oujda, la loge "Prométhée" inaugure ses travaux en présence du TIF\Frère Bouty, pharmacien à Tlemcen et Conseiller de l’Ordre pour l’Afrique du Nord où l’Algérie forme la pièce maîtresse. Il peut paraître étonnant que cette loge d’Oujda ne soit née que si tardivement dans une ville où l’occupation française s’est profilée dés 1907. En fait, des triangles militaires animés par des FF\ militaires de carrière ont existé très tôt.
 
Mais les FF:. civils résidant à Oujda, pour la plupart originaires d’Algérie, avaient tendance à rejoindre les loges d’Oranie fort actives et très proches. C'est, à vrai dire, tardivement que les Oujdis ont regardé vers Casablanca. Ils estiment, comme ils l’écrivent au Conseil de l’Ordre en juillet, qu’entre Tlemcen et Rabat, soit sur une distance de plus de six cents kilomètres il est nécessaire de créer des loges pour les FF:. disséminés dans le bled immense. Et quand ils installent leur propre loge ils le font avec à l’esprit l’exemple prométhéen dont beaucoup en Europe font le principe de référence de "la civilisation humaniste face aux civilisations soumises aux dieux".
 
En 1922, également, c’est l'allumage des feux à Meknés, trois ans avant le soulèvement fomenté par Abd el Krim dans le Rif berbère tout proche et le départ de Lyautey. Une loge y prend son essor dans un temple installé dans la médina où vivent encore la plupart des Européens. Cette loge "L’Étoile du Zerhoun" doit son nom à une ride pré-rifaine qui barre l’horizon au nord de Meknés et où sont installées des tribus berbères.
 
Et c’est à Fez, en cette même année 1922, que l’effort de liaison Est-Ouest se parachève. En même temps que se confirme cet intérêt des FF:. pour les berbères avec le choix du nom de la loge fassie "L’Éveil Berbère".... Ce nom d’éveil berbère à Fez, dans la capitale de l’Islam, de l’Arabisme, c’est en soi tout un programme, une provocation. En effet, nombreux sont les militaires, les fonctionnaires, les FF:. pour qui "la renaissance du Maghreb" passe par l’assimilation. Or, à leurs yeux, cette assimilation ne peut réussir que si les berbères servent de lien et prennent, en quelque sorte, le relais de la communauté israélite sur laquelle avaient été fondés tous les espoirs une décade auparavant. Les FF:.  estiment, dans leur ensemble, que "malgré la propagande active de l’Islam le bloc berbère demeure ethniquement séparé des Arabes conquérants". C’est dans cette optique que sortira le fameux décret berbère, quelques années plus tard, et que la loge de Fez  choisit son intitulé.
 
Ainsi, les loges du GODF au Maroc jalonnent l’histoire de la pénétration européenne au Maroc à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. En outre, leurs noms sont révélateurs de l’optique des FF:. en matière de colonisation d’un pays qui ne sera entièrement occupé qu’en 1934.
 
Parallèlement la GLDF, elle aussi, met en place son réseau de loges sur l'ensemble du territoire avec des noms révélateurs de la même approche  du problème marocain : "Anfa Lumière" et "Renaissance" à Casablanca, "Soleil du Gharb" à Kénitra, "Aurore Fraternelle" à Oujda, "l'Avenir Berbère" à Taza. La seule différence avec le GODF réside dans le choix de noms d'hommes politiques :  "Woodrow Wilson" à Mogador et "Léon Gambetta" à Marrakech.
 
 
S . Histoire du Chapitre "Phare de la Chaouia" à Casablanca 1918.1920
S . Histoire du Maroc
S . Règnes des Sultans au Maroc
S . Règne de Moulay Hassan I°
S . Pénétration européenne au Maroc, hier et aujourd'hui
S . Pénétration européenne au Maroc au XIX° siècle
S . Colonne de Fez en 1911 
S    CHRONOLOGIE DU PROTECTORAT.
S . La ville de Casablanca à ses débuts
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