-
Les_premières_loges_avant_le_protectorat_de_1912
-
Après_le_Traité_de_1912,_les_loges_sur_la_côte_Atlantique._Le_choix_révélateur_de_leurs_noms
-
Un_cas_intéressant :_le_F:._Zerbib_Elie_Théodore
-
Après_1922,_les_loges_vers_l'intérieur_du_pays,_avec_des_noms_dans_la_logique_initiale.
-
-
Les premières
loges avant le protectorat de 1912
-
-
A
Tanger, réside la doyenne des
loges francophones dont l’allumage des feux
ne fait qu’accompagner le mouvement en cours dans le Nord du Maroc, sous
l’égide de l’obédience espagnole.
-
-
Dès 1867,
Haïm Benchimol - drogman
de la Légation
de France, directeur de
l’influent journal Réveil du Maroc, directeur de la banque Transat,
membre fondateur de l’Alliance Israélite Universelle et de l’Alliance
Française au Maroc, correspondant des Compagnies Maritimes et de l’agence
Havas - devient président fondateur de la loge maçonnique de Tanger, fondée
par les juifs marocains "protégés" ou naturalisés Français. La loge connaît
des fluctuations sensibles au gré des circonstances ; tantôt liée aux
intérêts français, elle reçoit l’élection de Crémieux comme un triomphe,
tantôt elle est réputée plus proche de l’Angleterre. Quoiqu’il en soit, elle
connaît un grand succès dans les milieux israélites tangérois. Elle agit
comme un puissant facteur d’européanisation avec les autres loges,
espagnoles, qui vont se multiplier. En 1876, elle est composée de 73 FF\
dont le premier initié Marocain, Mohamed Doukali. Si l’opinion publique et
le consulat attribuent cette loge éphémère au GODF, en fait "L'Union 194"
dépend de la GLDF.
-
Il faur noter qu'en 1890 un Grand Orient du Maroc est créé sous
l'impulsion des deux FF\espagnols
: Philippe Cervera de Bavière et Philippe de Bourbon. En 1891 ce GODM
disparaît et les quelques FF\
concernés rejoignent le Grand Orient Espagnol.
-
-
C’est en 1891 que "La Nouvelle Volubilis" loge du GODF apparaît, à
une époque où la main mise sur le Maroc se renforce. Les loges, d'une façon
générale, participent à cette pression grâce à leurs relations avec la
presse en Europe. A Féraud, le consul Français en place qui défend la
loyauté envers le Maghzen - c'est à dire le gouvernement marocain - les
loges préfèrent la ligne du "parti colonial". Groupe de pression dont le
porte-parole est le
F:. Etienne député d’Oran ; sans oublier J.
Siegfried au Sénat, le Comité de l’Afrique Française du Prince d’Arenberg et
l’Union Coloniale Française qui se définit elle-même comme un "syndicat des
principales maisons françaises ayant des intérêts aux colonies". D’ailleurs,
pour cette politique au Maroc, les ressources financières ne manquent pas,
"le Printemps" de Jaluzot et la Cie Transat y pourvoyant largement.
-
-
C’est dans ce contexte, très représentatif de la République opportuniste,
qu’est née "La Nouvelle Volubilis", en souvenir de Volubilis, ville
romaine construite entre Fez et Meknès. Nom pour le moins évocateur d’un
retour impérial, économique et culturel, dont "La Nouvelle Tamusiga",
quelques années plus tard à Mogador, sera comme un écho.
Fait
notable de lcet intérêt porté à la Maçonnerie comme moyen d'ouverture vers
l'Europe, en janvier 1892 sous le règne de
Hassan I° une
"ambassade maçonnique marocaine" se rend en Espagne pour "demander d'initier
le sulttan et cinq mille personnalités marocaines". Cette
ambassade,
en effet, s'inscrit dans une démarche globale qui fait qu'entre 1874 et
1888, ce sultan envoya huit missions marocaines d’études totalisant environ
350 personnes, dans les différents pays d ’ Europe et en Egypte.
-
L'acte
d'Algésiras
est signé, en 1906, et donne le contrôle
de huit
ports marocains aux
gouvernements français et espagnols.
-
Dès 1907 à
Casablanca - où progressivement la pression française s’est
concentrée - les prémices à la vie maçonnique se font bientôt sentir. A
cette date, certains FF\ sont déjà
regroupés dans une loge "Casablanca 386" créée en pleine médina et
affiliée au GO d'Espagne. Ces mêmes FF\
vont aider à former un "triangle" affilié au GODF, alors que le Maroc est
poussé dans l’engrenage qui doit le conduire au Protectorat. La menace
contre leur indépendance provoque chez les Marocains des actes d’hostilité à
l’égard des étrangers.... En mars 1907, les troupes françaises occupent
Oujda en réponse à l’assassinat du docteur
Mauchamp à Marrakech... En
juillet, l’effervescence grandit tant à Casablanca que dans les tribus
voisines à cause des travaux entrepris au port par une société française et
de l’installation de contrôleurs européens de la dette auprès des douanes
marocaines... En août, le consulat de France assiégé est dégagé par les
marins du Galilée et du Chayla... Pourtant, ne doutant nullement de la
pérennité de la présence française au Maroc, le millier d’Européens présents
à Casablanca non seulement s’installe mais s’accroît rapidement. Avant même
que le Protectorat ne soit imposé au Maroc, dans la logique de l’Acte d'Algésiras
qui a imposé, dès 1906, le contrôle du pays par les Européens. Ceci
explique que les FF:., qui étaient trois en 1907, sont sept le 26
juin 1910 et passent du triangle initial à une loge : "Le Phare de la
Chaouia".
-
-
Après le Traité de 1912, les loges sur la côte Atlantique. Le choix
révélateur de leurs noms
-
-
Casablanca
La ville est en pleine extension. Le
nom "Le Phare de la Chaouia" est ici caractéristique du credo de
l’époque, riche d'une certaine mystique humanitaire dont l’ampleur et la
profondeur ne sauraient être sous-estimées, à savoir : "La présence de la
France n’apporte pas seulement les conditions du développement matériel, les
techniques modernes, les découvertes les plus récentes de la science, les
moyens de lutte contre la maladie et la mort, l’hôpital, le médecin, la
vaccination ; elle signifie aussi la fin des vieilles oppressions, des
antiques tyrannies de l’exploitation de l’homme par l’homme ; elle signifie
enfin la lutte contre l’ignorance et la superstition, en assurant par
l’éducation le triomphe de la Raison". Tout cela rejoint un système
d’habitudes européennes, aussi bien chez les républicains que chez les
royalistes, chez les hommes de droite que chez ceux de gauche. Pour la
grande majorité, d’évidence, existe la primauté de la civilisation
européenne "en vérité la seule civilisation". "Le Phare de la Chaouia"
symbolise dans l’esprit de ses créateurs, représentatifs de toute une
époque, les Lumières face aux Ténèbres !
-
-
Comme pour affirmer cet état d’esprit "civilisateur", trois loges au nom
significatif sont créées sur la côte Atlantique : "Le Réveil du Maghreb"
à Rabat, "El Bridja des Doukkalas" à Mazagan et "La Nouvelle
Tamusiga" à Mogador.
-
-
A
Rabat, une vingtaine de FF:. procèdent à l’allumage des feux de la
troisième loge du GODF au Maroc le 7 février 1918. Ils sont en
concurrence avec la loge "Moulay Hassan 395" du GO d'Espagne, avant
que les FF\ de cet atelier ne
viennent les rejoindre, avec à leur tête le F\
Carette Bouvet.
-
-
Ces FF:. fondateurs de la loge rabatie "Le Réveil du Maghreb"
sont les mêmes qui, dès le mois de mars de la même année, vont signer avec
les casablancais la demande, adressée à Paris, pour la création à Casablanca
d’un S\Ch\
- Souverain Chapitre - au grade de dix-huitième. Gestes révélateurs de
certitudes optimistes au moment où, ici, toute une partie du Maroc est
encore "insoumis" et, là bas, la France subit l’attaque de Luddendorff, en
Champagne, offensive qui risque d’être fatale.
-
-
"Le Réveil du Maghreb", dans un tel contexte, est symptomatique d’un
double acte de foi de la part de ses créateurs. Par sa mise en place, foi en
la pérennité de la présence d’une France victorieuse là-bas et ici ; par sa
dénomination, credo d’une promotion intellectuelle et morale du Maghreb -
c’est à dire du Maroc - maintenu sous tutelle française.
-
-
Au demeurant, attitude également militante de cette vingtaine de FF:.
regroupés dans un local bien modeste mais surveillé : "au moment de la
sortie des tenues se trouvaient sur le trottoir d’en face des agents qui
essayaient de nous dévisager et de nous reconnaître ; dans le but qui fut
d’ailleurs atteint puisque, nous le sûmes, la liste des membres de notre
jeune loge avait pu être établie et voisinait avec celle des gens suspects,
dangereux et à surveiller. C’était l’époque de représailles administratives
que plusieurs d’entre nous eurent d’ailleurs à subir et qui se manifestèrent
par des déplacements de postes brusques et injustifiés...". Tableau
révélateur de l’antagonisme manifesté à l’encontre de la FM\
par de nombreux administrateurs de la Résidence profitant, d’une part de la
manifestation dans la France d’après-guerre d’un sentiment conservateur
concrétisé par la Chambre bleu horizon, et d’autre part du désir de Lyautey
d’éviter au Maroc l’implantation de sociétés philosophiques ou politiques
métropolitaines.
-
-
En 1920, à
Mazagan - redevenu El Jdida en 1956 après l’indépendance - les FF:.
intitulent leur loge "El Bridja des Doukkalas", autrement dit
"le fortin de la province des Doukkalas" en souvenir d’un passé évocateur.
En effet, en 1502, les Portugais avait installé un fortin "El Bridja El
Jdida" pour imposer leur présence. Donc, de la part des FF:., volonté
affirmée de se maintenir. Mais dans un esprit que "la chapelle de
l’Inquisition", où ils se réunissent, leur permet de préciser : "Au-dessus
des misères que ces murs ont pu voir, la Franc-Maçonnerie maintiendra son
pavillon de fraternité, égalité, liberté, générosité et paix".
-
-
Créée le 10 juin 1920, cette loge sera sensibilisée, dès ses débuts, au
problème des rapports inter-obédientiels. L’année même de sa création, "El
Bridja des Doukkalas" propose une association dont le premier article
des statuts stipule : "entre tous les ateliers relevant des GODF, GLDF et
Suprêmes Conseils de France et qui adhèrent aux présents statuts il est créé
une association qui prend le titre de Fédération Maçonnique Marocaine" ; ce
qui n’est pas sans alarmer le Conseil de l’Ordre à Paris.... Mais, dès
l’année suivante, des transfuges vont créer la loge affiliée à la GLDF sous
le nom évocateur de "Tit", petite capitale des Doukkalas qui s’était
attaquée en 1515 à la jeune forteresse portugaise El Bridja. Aussitôt les
rapports s’enveniment entre les deux obédiences, le Conseil de l’Ordre
retrouvant là une affaire plus conforme aux schémas classiques
métropolitains.
-
-
A
Mogador (Essaouira de son nom arabe), en 1920 encore et toujours sur la
côte Atlantique, s'ouvre "La Nouvelle Tamusiga". En référence au nom
donné par les Phéniciens, lors du périple d’Hanon, à une rade fixée
hypothétiquement par les historiens à Mogador. Ces Phéniciens qui, aux yeux
des Européens, représentent l’antiquité source de civilisation et sur les
traces desquels les Français reviennent pour sortir le Maroc de son long
Moyen Age et opérer une sorte de Renaissance en plein XXe
siècle...
-
-
Les feux de la loge sont allumés sous l’impulsion des FF:. Mercier et
surtout
Sandillon Ferdinand** qui a débarqué à Mogador dans les années 1890
pour le compte du
groupe Jaluzot** après avoir été initié à Tanger, plaque
tournante du fameux groupe en question. Sous l’impulsion également du F:.
Regnault, déjà membre fondateur de la loge de Casablanca ; F\
dont les heurts sérieux avec la Résidence, en 1924, vont illustrer les
difficultés souvent rencontrées par les FF:. du Maroc au sein de la
communauté européenne tout au long du Protectorat. Sans compter l’hostilité
manifestée par de nombreux cadres de l’administration et de l’armée avant la
victoire du cartel des gauches en 1924, hostilité qui réapparaîtra par la
suite chaque fois qu’une poussée vers la droite se fera sentir.
-
-
C’est à Mogador, aussi, que l’on découvre un F\du
GODF assez particulier et qui mérite attention, en tant que personnage type,
à plusieurs titres, de certaines "perspectives coloniales" de l’époque
concernée : Zerbib Elie Théodore.
-
-
-
Un cas
intéressant : le F:. Zerbib Élie Théodore
-
-
Né à Constantine, en 1843, fils d’un grand rabbin d’Algérie,
Zerbib**
s’installe à Alger comme libraire. Il est initié à Bélisaire et y reçoit la
maîtrise en 1874. Sa présence, avec celle de cinq autres israélites,
témoigne de l’intérêt que porte le GODF à cette communauté. Certains FF\
se rappelaient sans doute le rôle qu’avaient joué les juifs depuis
l’établissement des Français et d’autres allaient même jusqu’à penser que
c’est par eux que l’on arriverait aux musulmans ! C’est ce qu’avance avec
insistance le F:. Crémieux : "Employez les juifs pour amener à vous
les Arabes...". Crémieux qui obtiendra, avec l’appui de nombreux maçons, la
naturalisation massive des juifs avec l’espoir donc qu’à longue échéance les
Arabes suivraient.
-
-
Zerbib arrive à Mogador, en août 1875, où après une opposition forte à la
Légation de France il devient aide politique du consul. C’est ce qui
l’amène, le 28 janvier 1884, à recevoir
Charles de Foucauld** qui restera
quarante cinq jours durant à Mogador profitant de l’hospitalité de la
communauté israélite avant de se lancer à la découverte du sud marocain
interdit aux "roumis". Voyage d’importance en matière de pénétration
française au Maroc, à laquelle de nombreux juifs sont favorables.
-
En 1886, marié à une Anglaise après la mort de
sa première épouse Française et converti au protestantisme, Zerbib remplace
le pasteur Guisbourg à la tête de la section marocaine de la "London Society
promoting christianity amongst the jews". Le choc, grand pour la communauté
juive de Mogador, est loin d’être anodin pour la Légation de France. En
effet il est alors communément admis que celui qui porte la croix, en
missionnaire, sur les terres lointaines y porte en même temps, explicitement
ou non, le drapeau de son pays.
-
-
Vers 1915, Zerbib devient doyen de la colonie européenne de Mogador : homme
rebondi et joyeux, son hospitalité est légendaire. En 1916, logique avec
lui-même, il se retrouve fondateur de la "Société de Géographie du Maroc".
Or, il est patent que ces
Sociétés de Géographie, placées au centre d’un
réseau de plus en plus large, jouent le rôle de groupe de pression avec
leurs ramifications à travers la France et l’Empire. Ces sociétés en outre
disposent d’une presse qu’on peut qualifier de spécialisée et leur influence
s’exerce de façon très sensible sur des publications d’une incontestable
autorité comme La Revue des Deux Mondes. Au demeurant, pas plus les
géographes que les découvreurs ne prétendent poursuivre leurs entreprises au
nom des seuls impératifs d’une science désintéressée : les progrès de la
connaissance de la terre doivent assurer à la France plus de rayonnement.
Enfin, en 1920, Zerbib participe à la fondation de la R.L. "Woodrow
Wilson n°479" de la GLDF à Mogador. Cette loge, au rite écossais, draine
aussitôt les éléments israélites en plus grand nombre que "La Nouvelle
Tamusiga". Le même constat peut se faire un peu partout à travers le
Maroc, l’argument du rite écossais - REAA - étant souvent avancé.
-
-
Au soir de sa vie, Zerbib une fois de plus s’avère être révélateur d’un
problème de fond. En effet, il est certain que la laïcité militante du GODF
a gêné nombre d’israélites plus à l’aise à la GLDF de ce point de vue. En se
dépouillant de son caractère spiritualiste et en se mettant sous la seule
égide de la Raison, le GODF s’est condamné à recruter uniquement parmi les
agnostiques et les athées, très peu nombreux dans les communautés musulmanes
et juives. Contradiction douloureuse pour de nombreux FF:. des loges
GODF du Maroc qui aspirent justement à toucher en profondeur ces
communautés.
-
-
En octobre 1920, disparaît ce personnage du "vieux Maroc" ayant, sa vie
durant, symbolisé à la fois la promotion du juif algérien à la suite du
décret Crémieux d’octobre 1870, l’intérêt porté par la colonie algérienne à
la pénétration française au Maroc, le rôle joué par des FF:. dans
cette aventure, les méthodes de pénétration coloniale sous le biais de
missions géographiques ou religieuses, l’importance de la communauté
israélite dans l’ouverture du Maroc, enfin les rapports GODF-GLDF et leurs
orientations respectives au Maroc.
-
-
Après 1922, les loges vers l'intérieur du pays, avec des noms dans la
logique initiale
Une
fois assurée l’implantation sur la côte Atlantique, le Souverain Chapitre de
Casablanca, qui joue un rôle prépondérant jusqu’en 1925 dans l’évolution du
GODF au Maroc, s’intéresse aux villes de l’intérieur, récemment "pacifié",
sur l’axe Maroc Atlantique - Oranie qui tient au cœur des Français
d’Algérie. ..
-
-
-
A cette date où vient de se terminer justement la prise en main du Maroc
utile, en attendant la suite, l’arrivée de nombreux fonctionnaires français,
déjà initiés en France ou en Algérie, et l’amélioration des moyens de
transports vers l’intérieur permettent la réalisation de ce projet
maçonnique. D’autant plus que ces fonctionnaires, le plus souvent radicaux
ou socialistes, ne voient aucun grief à formuler à l’encontre de cette
implantation.
-
-
Les FF:. d’appartenance radicale admettent, à la suite d’Albert
Sarraut, que la colonisation a pris le visage d’une grande œuvre de
solidarité. Les FF:. d’appartenance socialiste retiennent que Jaurès
a surtout multiplié ses critiques à l’égard des modalités de la politique
coloniale mais qu’il a admis le principe du devoir de civilisation qu’impose
aux sociétés européennes leur supériorité présente.
-
-
En 1922 donc, à
Oujda, la loge "Prométhée" inaugure ses travaux en
présence du TIF\Frère Bouty,
pharmacien à Tlemcen et Conseiller de l’Ordre pour l’Afrique du Nord où
l’Algérie forme la pièce maîtresse. Il peut paraître étonnant que cette loge
d’Oujda ne soit née que si tardivement dans une ville où l’occupation
française s’est profilée dés 1907. En fait, des triangles militaires animés
par des FF\ militaires de carrière
ont existé très tôt.
-
-
Mais les FF:. civils résidant à Oujda, pour la plupart originaires
d’Algérie, avaient tendance à rejoindre les loges d’Oranie fort actives et
très proches. C'est, à vrai dire, tardivement que les Oujdis ont regardé
vers Casablanca. Ils estiment, comme ils l’écrivent au Conseil de l’Ordre en
juillet, qu’entre Tlemcen et Rabat, soit sur une distance de plus de six
cents kilomètres il est nécessaire de créer des loges pour les FF:.
disséminés dans le bled immense. Et quand ils installent leur propre loge
ils le font avec à l’esprit l’exemple prométhéen dont beaucoup en Europe
font le principe de référence de "la civilisation humaniste face aux
civilisations soumises aux dieux".
-
-
En 1922, également, c’est l'allumage des feux à
Meknés, trois ans avant le
soulèvement fomenté par Abd el Krim dans le
Rif berbère tout proche et le
départ de Lyautey. Une loge y prend son essor dans un temple installé dans
la médina où vivent encore la plupart des Européens. Cette loge "L’Étoile
du Zerhoun" doit son nom à une ride pré-rifaine qui barre l’horizon au
nord de Meknés et où sont installées des tribus berbères.
-
-
Et c’est à Fez, en cette même année 1922, que l’effort de liaison Est-Ouest
se parachève. En même temps que se confirme cet intérêt des FF:. pour
les berbères avec le choix du nom de la loge fassie "L’Éveil Berbère"....
Ce nom d’éveil berbère à Fez, dans la capitale de l’Islam, de l’Arabisme,
c’est en soi tout un programme, une provocation. En effet, nombreux sont les
militaires, les fonctionnaires, les FF:. pour qui "la renaissance du
Maghreb" passe par l’assimilation. Or, à leurs yeux, cette assimilation ne
peut réussir que si les berbères servent de lien et prennent, en quelque
sorte, le relais de la communauté israélite sur laquelle avaient été fondés
tous les espoirs une décade auparavant. Les FF:. estiment, dans leur
ensemble, que "malgré la propagande active de l’Islam le bloc berbère
demeure ethniquement séparé des Arabes conquérants". C’est dans cette
optique que sortira le fameux décret berbère, quelques années plus tard, et
que la loge de Fez choisit son intitulé.
-
-
Ainsi, les loges du GODF au Maroc jalonnent l’histoire de la
pénétration
européenne au Maroc à la fin du XIXe siècle et au début du XXe
siècle. En outre, leurs noms sont révélateurs de l’optique des FF:.
en matière de colonisation d’un pays qui ne sera entièrement occupé qu’en
1934.
-
-
Parallèlement la GLDF, elle aussi, met en place son réseau de loges sur
l'ensemble du territoire avec des noms révélateurs de la même approche du
problème marocain : "Anfa Lumière" et "Renaissance" à
Casablanca, "Soleil du Gharb" à
Kénitra, "Aurore Fraternelle"
à Oujda, "l'Avenir Berbère" à Taza. La seule différence avec le GODF
réside dans le choix de noms d'hommes politiques : "Woodrow Wilson"
à Mogador et "Léon Gambetta" à Marrakech.
-
-
-
S
.
Histoire du Chapitre "Phare de la
Chaouia" à Casablanca 1918.1920
-
S . Histoire du Maroc
-
S . Règnes des Sultans au Maroc
-
S . Règne de Moulay Hassan I°
-
S
. Pénétration européenne au Maroc, hier et
aujourd'hui
-
S
. Pénétration européenne au Maroc au XIX° siècle
-
S
. Colonne de Fez en 1911
-
S CHRONOLOGIE DU PROTECTORAT.
-
S
.
La ville de
Casablanca à ses débuts
- .
-
-
-
-
- .
-