LA FRANC-MAÇONNERIE

dans

les   COLONIES  FRANÇAISES

 

1738 - 1960

 

 

Monarchie de juillet   et   Napoléon III

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   Odo Georges
  • Table Générale des matières - BibliographieLouis XV - Louis XVI - Tableau Loges Révolution - Napoléon/Restauration - Napoléon III - Débuts III° République - Consolidation avant 1914  - Plénitude après 1918  - Assimilation ? - Doutes après 1930 - 1940.1946 et Union Française  - 1946 Indépendances

  •              Tableau récapitulatif des loges coloniales

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  • CHAPITRE  V

    Passage du premier au second

    domaine colonial

    Monarchie de Juillet : les loges de l'ancien domaine colonial

    Monarchie de Juillet : les loges d'Algérie, bases du nouveau domaine colonial

    Seconde République et Second Empire : l'Algérie devient prépondérante, incursions en Tunisie et Maroc

    Seconde République et Second Empire : glissement vers le Pacifique

    Seconde République et Second Empire : les anciennes colonies

    Le_F\ Schœlcher, sa lutte pour l'abolition de l'esclavage.

     

    Un double mouvement se développe à partir de 1830 : d'une part l'essoufflement des loges dans ce qui reste du premier domaine colonial et, d'autre part, l'apparition de la Franc-Maçonnerie dans ce qui deviendra le second domaine colonial français.

     

     

    Monarchie de Juillet : les loges de l'ancien domaine colonial

     

    En 1833,  sous le règne de Louis Philippe, la Charte des îles accorde des conseils coloniaux à portée locale alors que les autres colonies sont régies par décrets. Une dichotomie se fait jour entre les colonies en présence. Sur le plan maçonnique, il se confirme que l'éclat du XVIIIè siècle a définitivement disparu.

     

    En Martinique, les loges ont du mal à se maintenir. Les unes sont en sommeil, définitivement ou temporairement, les autres se créent pour un temps plus ou moins long. A Fort-Royal, « La Trigonométrie » fait son apparition en 1832 et regroupe les FF\ de la loge antérieure disparue. A St-Pierre, « La Concorde » et    « La Réunion des Arts » s'opposent pour des raisons financières. Ά la Trinité, sans loge jusque là, « La Sainte Trinité » allume ses feux en 1842. En 1846, les loges de St-Pierre sont dissoutes par arrêté du Gouverneur. L'année même où, en Métropole, le Pouvoir, ému des idées qui circulent dans les loges,  prend des mesures identiques. En 1848, « L'Union 115 » inaugure l'entrée en lice de la GLDF.

     

    En Guadeloupe, en 1835, s'élabore une perspective longtemps retardée dans les colonies françaises : une loge « Les Disciples d'Hiram » s'installe, au bourg de Ste Rose sous l'impulsion de FF\ venus de la Métropole,  avec la participation d'un F\ « esclave il y a dix ans ». Les réactions des FF\ sur place sont vives avant que, finalement, le fait ne  soit entériné. Bientôt, cette loge va se révéler la plus dynamique. Il lui revient d'avoir posé clairement le problème fondamental de la participation des Noirs à la Franc-Maçonnerie.

     

    Ά La Marie-Galante, l'Atelier « La Fraternité » est ouvert en  août 1830, l'année de la Révolution, comme un lointain héritier de la loge des années de la Révolution de 1789. Il y a, sur ses colonnes, au plus une vingtaine de FF\ dont la moitié sont des propriétaires.

     

    En Guyane, « La Parfaite Union », du même nom que celle existant déjà au Sénégal, ne réunit qu'une vingtaine de FF\ du GODF dont six seulement natifs de Cayenne. Fragile, cette loge l'est au point que, ouverte en 1829, elle ferme dès 1840. Elle sera suivie, trois ans plus tard, par « La France Equinoxiale n° 93 » de la GLDF, mieux assise. Le tout est exemplaire des difficultés rencontrées dans cet Orient, en raison de la présence limitée des seuls impétrants concernés : les blancs.

     

    Au Sénégal, après le départ du Baron Roger, la loge  « La Parfaite Union » poursuit ses travaux. Si la relance des effectifs est très nette entre 1834 et 1837 grâce à l’admission de négociants de St-Louis, Bordelais ou métis, on n'en perd pas moins sa trace en 1837. La Franc-Maçonnerie est, dès lors, absente de St-Louis pour de nombreuses années.

     

    Ά L'île Bourbon, la loge « L'Amitié » de St-Denis - un instant accompagnée de la doyenne « La Parfaite Harmonie »   et de deux autres loges - reste bientôt seule à défendre la présence maçonnique dans la colonie. Cela peut paraître surprenant dans une île qui connaît un essor économique remarquable grâce aux plantations de canne à sucre qui ont remplacé celles de St-Domingue. Mais, au total, situation qui met cette « vieille colonie.» au diapason des autres Orients de l'ancien domaine colonial où les loges ne vont jamais plus retrouver l'importance qui était la leur auparavant.

     

     Le bilan est évident : la Franc-Maçonnerie de l'ancien domaine colonial s'efface pour laisser place à la Franc-Maçonnerie du nouvel Empire colonial, qui prend son essor en Algérie.

     

     

    Monarchie de Juillet  : les loges d'Algérie, bases du nouveau domaine colonial 

     

    L'expédition d'Alger, en 1830, n'est pas immédiatement envisagée comme le point de départ d'un deuxième empire colonial. Les hésitations sont nombreuses.

     

        Pourtant, dès la fin 1831 la première loge s’installe à Alger : la loge militaire du 10è régiment d’infanterie légère, « Cimus »  itinérante et temporaire comme toutes les autres loges militaires. Les loges initiales du GODF vont suivre sur la côte, comme une sorte de jalonnement signalant la progression de la colonisation en territoire algérien : « Bélisaire  » 1833 à Alger, « Ismaël » 1833 à Bône, « l’Union Africaine » 1836 à Oran. Toutes trois grâce à la présence de nombreux officiers sur les colonnes.

     

    Dans cette avant-garde, quasiment militaire, cantonnée un instant sur la côte algérienne, le dynamisme de « Bélisaire » explique l'existence d'un Chapitre et d'un Conseil Philosophique. La loge d’Alger, dans la logique de ce rayonnement, joue le rôle de loge-mère par essaimages successifs : à Blida en 1844, à Cherchell en 1845.

     

    C'est là un type de progression que le GODF va poursuivre, au fur et à mesure de la conquête vers l'intérieur du territoire, pendant toute la Monarchie de Juillet :

    - en 1833, ils sont 80 FF\.

    - en 1851, ils sont 850, record avant la IIIè  R.F.

     

    Dans cette maçonnerie d'Algérie naissante, prêtres et nobles sont absents, au contraire des  militaires, surtout, et des commerçants. Simple reflet de la société locale du moment dans ce tout début de la colonisation.

     

    Les militaires, largement majoritaires durant les années initiales, vont s’effacer. D'abord, en raison de l’arrivée croissante de civils dans le monde profane. Ensuite, par l’effet de la circulaire Soult du 5 juillet 1845 qui interdit l’entrée des militaires dans toute association. Ainsi, l'année 1845 signe-t-elle la fin d’une relation très forte entre l’armée d’Algérie et la Franc-Maçonnerie.

     

    Ά partir de cette date, les civils prennent en charge les ateliers : des fonctionnaires, des négociants, des entrepreneurs, des professions libérales, des propriétaires. L'évolution se précise encore davantage dans les ateliers supérieurs. Tout l’éventail social n’est pas représenté, loin s’en faut. Sélection par l’argent ? Certainement, car créer un atelier et le faire vivre coûte cher. Sélection par le niveau d’instruction ? Sans aucun doute, car la Franc-Maçonnerie se veut une élite sociale et culturelle de langue française.

     

    Ces FF\ sont attachés à une « religion universelle » et condamnent tout fanatisme. Aussi les loges entretiennent-elles, à l'instar des autres colonies, de bons rapports avec les autorités civiles et religieuses, comme si, dans ce dernier cas, les condamnations du Vatican étaient sans portée. A tel point que l’image donnée dans la population européenne est celle d’une société de bienfaisance.

     

    Reste la question importante de la venue, ou non, des Arabes dans les loges. Les FF\ fondateurs de la Franc-Maçonnerie estiment, quant à eux, qu'elle pourrait servir à « amalgamer les Arabes, les Kabyles, les Turks et les chrétiens ». Aux yeux de ces FF\, l'assimilation  apparaît comme inhérente à « la civilisation et par conséquent le seul but légitime de la conquête ». Dans leur enthousiasme souvent naïf et dans leur ignorance du monde musulman, les premiers Francs-Maçons ont cru découvrir  une Maçonnerie déjà plus ou moins implantée en Afrique au travers des zaouias. La preuve en est alors, pour les tenants de cette thèse, que "lorsqu'un néophyte est admis dans une de leurs sociétés secrètes les Arabes disent qu'il prend la rose, c’est-à-dire qu'il prend la livrée de l'ordre, qu'il contracte les devoirs que l'ordre impose. Or l'expression qui signifie à la fois ordre et rose, le mot ouard, se prononce comme le mot français ordre, ou le mot anglais order, qui est également appliqué à la maçonnerie»

     

    En 1839, est initié le premier musulman en Algérie par « Les Frères Numides » de Bougie : Sidi Hamed. Ce F\assure les fonctions de second expert dans la loge alors qu'il est imam des mosquées de Bougie et grand muphti.

     

    Pendant cette période, l'ensemble des tableaux de loges donnent un total d'environ une quarantaine de FF\ musulmans, ce qui constitue un noyau conséquent par rapport au total de sept cents FF\ sous les colonnes. Il faut souligner que le Constantinois est plus ouvert aux musulmans que le reste de l'Algérie. Que ce soit la loge de Bougie ou, plus encore, celle de Bône peut-être en raison d'un intérêt plus grand porté dès le départ à ce problème, comme le laisse supposer le nom choisi  :  « Ismaël ».

     

    Un F\ musulman, dans un discours solsticial de 1865, inscrit parfaitement dans la philosophie de la Franc-Maçonnerie du moment la portée de son acte d'adhésion : « Ά Dieu ne plaise que je veuille ici renier la religion de mes pères. Ma religion, toute bonne et excellente qu'elle est, ne m'impose pas d'aimer tous les hommes à quelque religion qu'ils appartiennent, tandis que la Maçonnerie veut que nous aimions tous les hommes, quel que soit leur culte… Cette seule pensée de l'universalité des hommes me console et m'élève ».

     

    Seconde République et Second Empire : l'Algérie devient prépondérante, incursions en Tunisie et Maroc

     

    La Révolution de 1848 et la Seconde République, en Algérie comme en France, soulèvent un enthousiasme maçonnique vite réfréné par la loi du 28 juillet 1848 à l’encontre des sociétés secrètes. Suivent des perquisitions qui pèsent sur l’évolution des ateliers ramenés à moins d’expression politique.

     

    La majorité des FF\ attachée à un esprit religieux et à une action de bienfaisance a, momentanément, le dernier mot. La cérémonie publique, en novembre 1848 à Paris, en l'honneur de FF\ partant pour l'Algérie en « missionnaires de la liberté, de la patrie, de la république », illustre à quel point la majorité des FF\ estime la colonisation comme une mission évangélisatrice. 

     

    Prudence et positionnement qui permettent au GODF de passer de 10 loges et 450 FF\ en 1847 - date de la reddition du futur F\Abd el Kader - à 16 loges  et 700 FF\ en 1851, avec un nombre croissant de profanes initiés en Algérie.

     

    Avec le coup d’état de décembre 1851  et la mise en place du Second Empire, l'armée d'Algérie fait pression au moment où les banques « coloniales » - d'Algérie, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Sénégal - se multiplient et où se lancent des compagnies maritimes.. Chasseloup-Laubat résume la situation nouvelle en affirmant :  « C'est un véritable Empire qu'il faut créer ». Mais les hésitations subsistent.

     

    Le nombre des FF\et des loges lui-même devient plus mouvant. Au total, à la fin du Second Empire, le nombre de 600 FF\ ne retrouve pas le chiffre supérieur de 1851. A cette mouvance quantitative il faut ajouter celle des localisations : sept loges disparaissent tandis que sept autres se créent ou se réveillent et, au total de 1852 à 1870, le nombre de loges du GODF en activité varie de huit à douze. A quoi s'ajoutent les chapitres d’Alger, de Bône, de Constantine, d’Oran.

     

    Autre changement, l'entrée en lice de la GLDF. Après un échec à Alger, l'obédience réussit, en 1856, à s'implanter en créant « Les Frères Unis du Chélif » à Orléansville grâce à  des transfuges du GODF. Schéma qui se reproduira  souvent par la suite en Algérie, et ailleurs dans les colonies.

     

    Enfin, pour compléter ce tableau changeant, une évolution des idées se manifeste progressivement dans les loges. Certes l'attachement à une religion universelle continue à prédominer, conception appréciée, en 1865, par Napoléon III lors de son déplacement en Algérie. Lorsqu'il reçoit la loge d'Oran ne s'est-il pas complu à « constater l'utilité de la Franc-Maçonnerie dans un pays dont les habitants professent tant de religions diverses ». Mais, dans les loges, l'attrait du libéralisme politique s'affirme en même temps que le courant anticlérical gagne du terrain à partir d'une méfiance profonde à l'égard de toutes les religions.

     

    Si l'expansion maçonnique, en Algérie, fait suite à l'occupation du pays par la France, par contre, en Tunisie et au Maroc, elle la précède et, en quelque sorte, y prépare les esprits. Dans ces deux états, la présence maçonnique parait comme un des éléments de la compétition coloniale européenne.

     

    - En Tunisie, où l'obédience italienne est déjà à l'œuvre, le GODF ouvre sa première loge en 1861, suivie dès 1862 par la GLDF

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    - Au Maroc, c'est à Tanger que s’installe la doyenne des loges francophones dans le pays : loge de la GLDF, dont l’allumage des feux, en 1867, correspond à la pleine expansion économique du Second Empire. Elle se trouve en présence de loges espagnoles, parties prenantes, elles aussi, de la pénétration européenne en Méditerranée ; tout comme les FF\ des loges anglaises de Gibraltar.

     

     

    Seconde République et Second Empire : glissement vers le Pacifique

     

    Dans cet ensemble colonial où l'Afrique du Nord prend désormais une place prépondérante, l'intérêt pour le Pacifique n'en disparaît pas pour autant.

     

    Dès 1842 la France investit Tahiti pour défendre les missions catholiques interdites d'évangélisation de par la volonté des missionnaires protestants anglais. L'année suivante, le GODF s'intéresse à un projet de loge qui se réalise finalement, en 1851, sous le titre distinctif de « Océanie Française », loge modeste mais opérationnelle pendant presque une vingtaine d'années.

     

    En 1853 (@), l'annexion de la Nouvelle-Calédonie fournit une base importante tant pour les navires - de commerce et de guerre - que pour l'action des missionnaires ( dans un même contexte d'opposition entre protestants anglais et catholiques français). En 1868, le Gouverneur autorise le GODF à créer la loge « L'Union Calédonienne »  à l'Orient de Nouméa. L'emplacement du temple, sur une colline dominant la ville, sera mal vécu par les catholiques, surtout quand ce temple surplombera la cathédrale construite par la suite.

     

    L'Indochine vient élargir, à son tour, l'horizon vers l'Asie. La France s'y présente, en cette seconde moitié du XIXè siècle, encore une fois pour défendre les missionnaires. Mais, une fois l'affaire d'Annam réglée, ce sont les intérêts commerciaux et stratégiques (les Anglais sont aux Indes et en Chine) qui l'emportent quand la première garnison française prend position à Saïgon en 1859.

     

    En deux étapes, la souveraineté française est établie sur l'ensemble de la Cochinchine et terminée en 1868. Année où les feux de la loge GODF « Le Réveil de l'Orient » sont allumés à Saïgon, pour « répandre les bienfaits de notre civilisation ».

     

    Il est à noter que, comme chaque fois dans l'histoire coloniale depuis le XVIIIè siècle, l'apparition d'une activité maçonnique suit de très près l'annexion d'un territoire. Mais la particularité, de plus en plus évidente, c'est la présence prépondérante des missions d'évangélisation.

     

     

    Seconde République et Second Empire : les anciennes colonies

     

    Dans le nouvel Empire Colonial Français qui se dessine, les anciennes colonies passent progressivement au second rang. Face à cette évolution, les gouvernements vont avoir des réponses différentes. La Seconde République pratique une politique résolument assimilationniste, avec représentation à l'Assemblée. Cette mesure est supprimée par la Constitution de 1852, puis le sénatus-consulte de 1854 distingue d'une part la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion soumises à la loi générale et, d'autre part, les autres colonies (dont l'Algérie) « régies par décrets de l'Empereur ». Pour l'ensemble des colonies, le Pacte Colonial est aboli en 1861 : l'Exclusif de l'Ancien Régime a vécu ! Le nouveau domaine colonial prend une allure différente du premier sur le plan non seulement géographique mais aussi institutionnel.

     

    L'île Bourbon devient La Réunion, par décision du gouvernement de la Seconde République. Donnant un aperçu de l'esprit du moment le F\ Sarda Garriga**, Commissaire Général du Gouvernement, déclare : « Quand cette terre ne portera plus d'esclaves, elle formera, dans la grande unité nationale, un Département d'Outre-Mer gouverné par les lois générales de la Métropole ». Déclaration agréable à « L'Harmonie » qui, sous le Second Empire, se double en 1863 de la résurgence à St Pierre de « La Bienfaisance », éphémère cependant car desservie par la crise  de la canne à sucre.

     

    En Guyane, « La France Equinoxiale 93 » de la GLDF se maintient à Cayenne. Pourtant, rien ne lui est facile dans cette colonie à l'image ternie par l'existence d'un bagne depuis 1852.

     

    En Martinique, les loges dissoutes pour leurs idées reprennent leurs activités. A St-Pierre, alors que la GLDF fait avec « L'Union n° 115 » sa première apparition, « La Réunion des Arts » se reconstitue et choisit, comme député auprès du Grand Orient, un F\ de couleur qui avait mené la lutte contre l'esclavage. A Fort-Royal, devenu Fort-de-France, nombreux sont les FF\ de « La  Trigonométrie » qui, après avoir participé activement à l'insurrection, confirment leurs idées républicaines et  anti-esclavagistes. D'où des tensions, dans la mesure où l'évolution en cours n'est pas communément admise. Sous le Second Empire, les loges sont mises sous haute surveillance et, à l'occasion, fermées par simple mesure de police. Elles seront moins suspectes quand le gouvernement évoluera vers un système plus libéral, dans les années soixante.

     

    En Guadeloupe, deux faits marquants. D'abord, sous le  Second Empire, la création, à Basse-Terre, de la loge « Les Elus d'Occident » qui est appelée à durer. Ensuite, en signe d'évolution des esprits, l'initiation de Louisy Mathieu** dès la Seconde République. « Les Disciples d'Hiram », forts leurs propres initiations de FF\ Noirs, se félicitent de ce que « La Clémente Amitié » de Paris, avec qui elle est en rapport, initie, en 1848, l'ouvrier ébéniste Louisy Mathieu, représentant Noir des Antilles à l'Assemblée Constituante. Initiation qui répond, de façon conséquente, aux principes et à l'action du F\ Schœlcher contre l'esclavage.

     

     

    Le F\ Schœlcher, sa lutte pour l'abolition de l'esclavage

     

    Le F\ Victor Schœlcher** s'inscrit dans  la lignée des FF\ ayant participé à la défunte « Société des Amis des Noirs » et, aussi, du Baron Roger**. Lors de son premier voyage aux Amériques, il éprouve un vif intérêt pour la condition faite aux hommes de couleur ; il ne l'oubliera jamais. En 1833, il publie    De l'esclavage des Noirs et la législation coloniale, puis toute une série d'ouvrages du même ordre. Chaque fois, il développe l'idée-force « La Liberté est le principe, l'esclavage l'exception.». Membre de la loge « Clémente Amitié », il se fait l'apôtre de l'abolition.

     

    La « Société pour l'abolition de l'esclavage » est fondée en 1834. Elle rencontre des conditions plus favorables que la défunte «Société des Amis des Noirs» ; en partie parce que l'essor de la betterave à sucre diminue l'intérêt de la canne à sucre, donc de l'esclavage. La résistance des milieux conservateurs est dès lors moindre, même si elle reste tenace et virulente.

     

    Finalement Schœlcher peut réaliser son projet d'abolition de l'esclavage, le 27 avril 1848, alors qu'il est secrétaire  d'Etat à la Marine dans le gouvernement de la Seconde République. Elu au suffrage universel dans les trois colonies des Antilles et Guyane, il choisit de représenter la Martinique et il intervient directement dans la vie sociale et politique. Le « Schœlcheurisme » est redouté des colons, car il s'appuie sur les nouveaux citoyens que sont les anciens esclaves. Ne prône-t-il pas l'instruction gratuite et obligatoire en plus du vote au suffrage universel.

     

    Proscrit après le 2 décembre 1851, il est réélu à la Martinique en 1871 et devient sénateur inamovible à partir de 1875, jusqu'à sa mort en 1893. Tout en continuant à défendre ses idées humanistes sur le plan colonial, il consacre une partie de ses travaux à la suppression de la peine de mort, à l'amélioration du sort des femmes. C'est d'ailleurs aux côtés de Maria Deraisme** qu'il préside, en 1881, un congrès anti-clérical.

     

    En 1889, il rédige une  Vie de Toussaint Louverture, comme un aboutissement de son engagement permanent lui qui a animé, tout au long de son existence, un courant de réflexion humaniste au sein de la Franc-Maçonnerie et d'action progressiste dans le monde profane.

     

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