Sur les traces de
"la PARFAITE HARMONIE"
 
cent cinquantenaire
de la Respectable Loge "l' Amitié"

à

SAINT-DENIS, 1816.



Cet essai, rédigé à l'occasion du cent cinquantenaire de la Respectable Loge "l'A
MITIÉ", retrace l'histoire maçonnique de l'île Bourbon, depuis la naissance de la première Loge en 1777 à celle de la loge "l'Amitié" en 1816. Je me suis essentiellement inspiré pour ce travail, à défaut d'archives, du précis chronologique de la Franc-Maçonnerie à l'île de la Réunion, lu dans la séance du 21 mars 1877 par le Frère DERIEUL de ROLAND fils, 30", et président à l'époque du Conseil philosophique,souché sur la loge "l'AMITIÉ"..
 
ESQUISSE pour servir à une histoire maçonnique de l'île BOURBON
 
*
*        *

Au début du 18 siècle, l'esprit scientifique, hérité de DESCARTES et de Francis BACON qui ne s'était exercé jusqu'alors que dans le domaine des sciences de la nature, va se tourner vers les choses politiques et religieuses. Aux institutions politiques, aux églises, on va demander sous la poussée des encyclopédistes, nos frères, leurs titres de légitimité.
 
Dans ce climat propice, va s'opérer la transformation de la maçonnerie opérative, issue des corporations de bâtisseurs de cathédrales, en maçonnerie spéculative. C'est en Angleterre en 1717 que cette transmutation s'effectue pour rassembler dans un climat de pureté, de sérénité et de tolérance, des esprits volontairement religieux, et sincèrement protestants, qui voulaient reprendre le dialogue au dessus des persécutions religieuses et des convulsions politiques, de cette époque particulièrement troublée.
 
Le pasteur ANDERSON clarifie les aspirations de cette société naissante en promulguant en 1723, ses "constitutions" qui deviennent la charte de la Grande Loge d'Angleterre, avant de devenir celle de la Franc-Maçonnerie Universelle.
 
A peine née, la maçonnerie devient l'un des ferments de l'âge des lumières. Elle essaime sur tout le continent. Dès 1725 la première loge, constituée principalement de quelques jacobites britanniques réfugiés en France, rait son apparition à PARIS. Elle est suivie de nombreuses autres dans la capitale et en province qui se fédèrent pour constituer en 1738 la Grande Loge de France.

Celle-ci qui a adapté les rites anglicans élit comme premier grand maître français le Duc d'ANTIN, malgré la menace qu'avait fait LOU:S XV d'envoyer à la Bastille le premier Grand Maître Français des FM.
 
De métropole la Franc-Maçonnerie gagne tous les continents, car les lignes idéales qui bordent les états, et que les atlas tracent en lourds pointillés ne sont des obstacles, ni pour les idées, ni pour les doctrines sociales.
 
Empruntant les voies maritimes et particulièrement les routes des INDES Occidentales et Orientales, la maçonnerie implantera ses loges dans toutes les escales de la marine à voile.
 
Dès 1735, on trouve des Francs- maçons à BOURBON et parmi eux l'un des plus prestigieux, le gouverneur général des Îles de France et de BOURBON, MAHÉ de LABOURDONNAIS, dont le portrait d'époque figure toujours à la place d'honneur, dons le parvis de la loge mauricienne de la "TRIPLE ESPÉRANCE" à PORT-LOUIS.

Ces francs-maçons ont été initiés, soit en métropole au cours d'un séjour, soit à BOURBON, par communication d'initié de passage. Ce n'est que le 13 Février 1777, que la Franc-Maçonnerie prend officiellement pied dans l'île par la création, sous le titre de la "PARFAITE
HARMONIE" d'une Loge à l'Orient de BOURBON, c'est à dire avec compétence sur toute la colonie. L'installateur de cette première loge bourbonnaise est le frère Eléonore PERIER de SALVERT, enseigne de vaisseau du ROY, se trouvant sur rade à SAINT-DENIS.

A la demande de neuf frères, dont nos livres d'architectures ont conservé les noms le frère DE SAL VERT, qui a le grade de ROSE-CROIX et appartient en qualité d'orateur à la loge "L'heureuse Rencontre" à l'O. de BREST, installe cette première Loge qui se choisit aussitôt comme Vénérable le frère François Joseph DESCHAMPS, chirurgien major de la Place de SAINT-DENIS.

Sur les colonnes de cette loge nous trouvons:
 
Laurent Lambert FREON, 20 Conseiller du Conseil Supérieur de BOURBON, reçu maçon à 10 loge «SAINT-PIERRE» de PARIS en 1760,~ Maître,
 
François DESSAILLES,officier de marine, reçu maçon à la loge «l'UNION» de Chandernagor en 1773, Maître, .
 
François BOURDIER, ingénieur, reçu maçon à la loge «ST JEAN» du Cap de Bonne Espérance en 1773, Maître,
 
Gilles TANOUEREY, employé du roy, reçu maçon à la loge «ST GERMAIN» de Nantes en 1770, maître, "/.
 
Jean-Baptiste de VILLARMOIS habitant, reçu maçon par communication dans la colonie en 1744, maître,
 
Jean Baptiste Chevalier BANCKS, arpenteur du roy, reçu maçon à la Loge «LA CONCORDE» de Lille en 1762, Maître, à qui nous devons la topographie si particulière de ST-DENIS. C'est en effet en 1774, que le gouverneur de CREMONT, Commissaire Général de la Marine, et ordonnateur de l'isle BOURBON chargea le chevalier BANCKS de dresser un plan de la capitale, qui sera homologé.par le tribunal le 14 mai 1777.
 
Jean Baptiste ROUDIC, ancien conseiller, reçu comme Dr: VILLARMOIS en 1744 F. M par communication, maître,
 
Jacques DESMANIERES, habitant, reçu comme ROUDIC et VILLARMOIS, maître.
 
Sous l'autorité du frère DESCHAMPS, qui n'effectue qu'un séjour à BOURBON et qui a été initié par la loge "ST-JEAN" de la GUYANE en 1764, "la parfaite Harmonie" prospère rapidement et en 1778, à l'anniversaire de sa fondation elle compte déjà 30 membres parmi les plus représentatifs de la colonie.
 
A son départ de BOURBON, le frère DE VILLARMOIS lui succède comme vénérable, et c'est, sous son Vénéralat que la Loge accepte le 23 juin 1778 l'affiliation du frère RYEL DE BEURNONVILLE, major de la place de SAINT-DENIS, futur marquis et Maréchal de France futur Grand-Maître adjoint du GO dont le nom vient d'être donné à la première loge mixte de l'obédience internationale du DROIT HUMAIN, installée en 1965 à l'orient de SAINT-DENIS de la RËUNION.
 
Aux élections de 1780, la major DE BEURNONVILLE est investi de la première charge et l'occupera jusqu'à son départ de Bourbon en 1786. C'est la période la plus florissante de 'la Parfaite Harmonie' car elle compte près de cent membres actifs. Aussi se fait-elle bâtir un temple magnifique dans un emplacement que l'atelier achète à l'angle des rues Sainte-Anne et du Rempart.
 
Malheureusement cet immeuble sera vendu en 1832, dons des circonstances qui ne sont pas à l'honneur de certains frères, à la «gouvernante» Mme CUVILLlER, présidente de la Société des Dames de Charité, qui le transformera en orphelinat.
 
Le vénérable DE BEURNONVILLE réinstalle "la Parfaite Harmonie" avec des pouvoirs spéciaux qu'il reçoit du Grand Orient, car le frère DE SALVERT aurait outrepassé les siens en fondant loges. Il fait régulariser également les patentes des deux loges issues de "la Parfaite Harmonie" : «La Triple Espérance» ouverte par le Fr de SALVERT en 1778 à l'orient de PORT-LOUIS et «l'Heureuse Rencontre» créée en 1779 à SAINT-PAUL, sous le même vocable que la Loge-mère de ce frère.
 
Il réunit ensuite ces trois loges en syndication pour fonder la G. Loge PROVINCIALE DE BOURBON. En sa qualité de vénérable de cette grande Loge et d'inspecteur installateur au nom du Grand Orient, il se rend à SAINT-PAUL installer « l'heureuse Rencontre», puis part pour l'isle de France remplir le même office pour la «Triple Espérance».
 
Mais la jalousie de nos voisins s'est éveillée en constatant que le Frère DE BEURNONVILLE a fixé le siège de la Grande Loge Provinciale à BOURBON, alors que le siège du Gouvernement Général des isles est PORT-LOUIS. Une cabale se forme au sein de la «Triple Espérance» contre DE B. et l'affaire est portée devant la Grande Loge qui acquitte son vénérable et blâme les maçons de PORT-LOUIS. "La Triple Espérance" vexée de se voir déboutée se retire de la syndication où elle est remplacée par quatre nouvelles loges qui s'ouvrent sous le patronage de la Grande Loge Provinciale; l'une à BOURBON, "la Triple UNION"» que le frère DE BEURNONVILLE installe à SAINT-BENOIT, les trois autres à l'isle de France sous les vocables de «Loge des 21», «Loge des 15 artistes» et « loge des .. Amis cultivateurs».

*
*      *     



Vers 1785 la loge « la Triple Espérance » qui a sans doute souffert de ces nouvelles créations, sur son territoire, vient à résipiscence et adresse à la Grande loge Provinciale des ouvertures de Paix et J'offre de suppression de toute écriture. Cette lettre existe toujours dans nos archives. .

Au frère DE BEURNONVlLLlE revient aussi l'honneur d'avoir réinstallé le chapitre de "la Parfaite-Harmonie". Ce chapitre fondé comme la loge par le Frère de SALVERT, était sous le patronage du grand chapitre d'Écosse: Il y avait alors en France deux grands chapitres tenant leurs pouvoirs du Grand Chapitre d'Écosse et ayant le droit de fonder des ateliers supérieurs.
.
 
Le 24 mars 1785, ces deux chapitres connus sous les noms de Grand chapitre Général de France et Grand Chapitre de France se réunirent pour n'en former qu'un seul, sous le nom de Grand Chapitre Général de France et se joignirent au Grand Orient. Ils remirent à l'un des membres du chapitre qui se rendait à BOURBON, le chevalier DE TOURRIS, pouvoir d'affilier le. chapitre. des isles au Grand Chapitre Général de France. Cette affiliation eut lieu après quelques pourparlers dans la séance solennelle du 22 Février 1786.
 
Au frère de BEURNONVlllE succède en 1786 et 1787 le frère CAMPENON puis en 1788, le frère GRESlAN. C'est vers la fin de l'année que le gouverneur Elie DIORE dernier représentant à BOURBON, de l'ancien régime, estime plus prudent devant le bouillonnement de., esprits, et de désir de rénovation qui agite la colonie, de fermer la loge.
 
La révolution à BOURBON ne fut que l'écho lointain, bien affaibli de la Révolution en France, mais tous les événements de la Grande Révolution eurent leur répercussion dans la colonie.
 
C'est ainsi qu'à l'exemple de l'assemblée constituante Française se créa à BOURBON, l'assemblée coloniale composée de 137 députés élus par les paroisses le 25 mars 1790. Cette assemblée profita de la fermeture provisoire de la loge, pour s'y réunir le 5 mai 1790, sur la convocation de notre frère le gouverneur Charpentier de COSSIGNY, qui venait de succéder à DORE. Elle procéda le 8 août à l'organisation des municipalités et à la nomination d':m député à la constituante. BELLlER de VILLENTROY élu à cet effet démissionna et fut remplacé par deux suppléants BERTRAND et LEMARCHANT qui partirent et restèrent en France jusqu'à la réunion de la convention.
 
Cette assemblée coloniale était composée de l'élite de la population et naturellement comptait de nombreux francs-maçons. Progressivement elle voulut se mettre à l'égard du gouverneur sur le même pied que l'assemblée nationale à l'égard de louis XVI. Aussi le gouverneur, pour se montrer démocrate consentit-il à la demande du Chevalier de TOURRIS à la réouverture de la loge dont le vénérable était le Frère BERTRAND, Président de la Cour Royale et l'un des deux députés de BOURBON. Malgré cette concession; l'assemblée et le gouverneur restèrent en conflit jusqu'au départ du frère de COSSIGNY désigné au gouvernement Général des isles et qui s'en fut à PORT-lOUIS.
 
Le mouvement révolutionnaire s'accentua à BOURBON où il se créa des clubs et des partis politiques. la république fut proclamée le 16 février 1793 par les sans-culottes qui s'emparèrent du gouvernement et débaptisèrent BOURBON qui s'appela désormais «la RÉUNION». .

Durant cette période troublée, et craignant sans doute pour la sérénité de ses travaux, la Grande loge Provinciala de BOURBON avait éteint ses feux en 1791, sous le premier maillet de TELLOT.
 
Au Réveil de la loge en 1795, les gouverneurs ont été dépossédés de toute autorité et ne seront plus que des commandants militaires jusqu'à l'arrivée du Général DECAEN en 1803. Le nouveau vénérable est le frère HOUBERT qui conserve ce poste pendant 2 ans. C'est sous son Vénéralat que s'ouvre le 5 septembre 1796 la loge «Des Amis Réunis» à SAINT-ANDRE et que se ferme définitivement le 17 juillet 1797 «l'Heureuse Rencontre» victime du déclin général de SAINT-PAUL. Avant de s'endormir pour toujours, « l'Heureuse Rencontre» fait don de son local à la Municipalité pour en faire une école.
 
De 1796 à 1803 se succèdent au premier maillet les FF:. BERTRAND, HOUBERT, BOURDIER, DE TOURRIS. Puis c'est la guerre avec l'Angleterre. Ne pouvant atteindre la France sur le continent où elle est trop forte les anglais grâce à leur suprématie maritime l'attaquent dans ses possessions coloniales. Nos gouverneurs deviennent des. généraux.

*
*        *


C'est tout d'abord le général François Louis MAGALLON de la MORTIERE dont nous trouvons la signature sur le livre d'architecture de LA TRIPLE UNION de ST BENOIT avec la mention: « le frère Louis MAGALLON de la MORTIERE nâtif de L'ISLE ADAM, âgé de 48 ans, Général Commandant de cette isle visite le temple» .
 
A la même époque sur le livre des tenues de "la Parfaite Harmonie" nous lisons qu'une planche de condoléances a été envoyée au frère MAGALLON à l'occasion de la mort du frère BLAUFY son aide de camp, membre de la respectable Loge des 15 Artistes à l'orient de l'isle de France. Puis le général DES BRULYS qui remplace MAGALLON en Janvier 1806.
 
A la fête que donne le général Gouverneur pour célébrer l'anniversaire du couronnement de Napoléon Bonaparte comme Empereur des Français il invite une délégation de la loge et «se met à l'ordre» pour la recevoir. C'est au cours de cette fête du 15 Août 1806 qu'il donnera à l'isle un nouveau nom d'île BONAPARTE qu'elle ne conservera pas plus longtemps qu'il ne conservera la vie car il se fera sauter la cervelle en 1809 en apprenant le débarquement des anglais à la Grande Chaloupe.
 
La place de ce frère, qui se faisait une si haute idée de son honneur de soldat, ne restera pas longtemps vacante dans la chaîne d'union de "la Parfaite Harmonie". Car les chefs de l'armée d'invasion: sir FARQUHAR, le colonel KEATING, leur aide de camp, TAILLEFER, francs-maçcns de la Grande Loge de l'Angleterre, le remplaceront sur les colonnes. Pendant que sir FARQUHAR, premier gouverneur général des îles soeurs se fera affilier à la Triple Espérance, et fréquentera à chacun de ses passages à BOURBON, "la Parfaite Harmonie", le Général KEATING et son aide de camp TAILLEFER s'affilieront à "la Parfaite Harmonie" .
 
Ils y retrouveront l'un de leur plus valeureux adversaire, le corsaire RIPAUD de MONTAUDEVERT, le forceur de blocus, capitaine du "Volcan"  et aussi le frère COLLIN, curé de SAINT-DENIS, lazariste, qui remplissait depuis 1807 les fonctions de pro-préfet apostolique de BOURBON.
 
Membre de "la Triple Union" de SAINT-BENOIT et Rose-Croix du chapitre de "la Parfaite Harmonie", le frère COLLIN payait ses quotités en disant, chaque année, à l'intention de nos frères, la messe des morts et celle de la Saint-Jean.
 
Pendant !'occupation britannique, "la «Parfaite Hcrmonie" est la seule Loge qui fonctionne: encore à BOURBON. Les trois loges d'arrondissement se sont mises en sommeil les unes après les autres, entraînant la fermeture de la Grande Loge Provinciale de BOURBON. Même la loge créée en 1805 à ST-PIERRE, sous le maillet de "la Parfaite Harmonie" dont le vénérable est Henry BÉDIER n'aura qu'une existence éphémère ne laissant subsister de nos jours que le nom de la rue où elle s'était installée, et le vocable qu'elle avait choisi "La Sincérité Parfaite".

Il en sera de même pour une loge militaire qui se fonde à SAINT-DENIS, en 1816, sous le nom de "la
Fidélité" , après le retour de l'isle BOURBON à la couronne de FRANCE, et qui éteint ses feux pour n'avoir pas fait une demande régulière à l'obédience du Grand Orient.
 
C'est en 1816, que la Parfaite Harmonie, lourde d'un passé prestigieux va donner naissance à une nouvelle loge, que le frère DES ETANGS, qui vient d'arriver de Métropole, portera sur les fonds baptismaux. Cette loge qu'il appellera «l'AMITIE» empruntera à la loge mère ses éléments les plus dynamiques, si bien que cette dernière, s'éteindra quelques années plus tard.
 
La loge "l'AMITIE" dont nous fêtons aujourd'hui le cent cinquantième anniversaire et dont l'histoire reste à écrire, poursuivra sa route longue et difficile. Frappée en 1940 par le gouvernement de l'État Français, qui voulait imposer à la France son régime de servitude, ses membres n'en poursuivront pas moins leurs travaux dans la clandestinité, jusqu'à la libération de !'île. Notre frère le prince VINSAN, colonel de l'armée française continuera à servir et mourra au champ d'honneur, interrompant ainsi une destinée qui nous aurait peut-être évité la guerre d'Indochine.
 
A la naissance de l'ère atomique, nos frères auront la joie de voir se réaliser leur voeu le plus cher : l' accomplissement . des promesses. que notre frère SARDA GARRIGA, Commissaire Général de la Seconde République avait faites, en 1848, à la population de l'île; en ces termes : "Quand cette terre si éminemment française ne portera plus d'esclaves, elle formera, j'en ai l'assurance, dans la grande unité nationale, un Département d'Outre-Mer gouverné par les lois générales de la Métropole".

le 30 Avril 1966

Site traduit en ;

Roumanie

Italie

Drapeau de la Norvège

drapeau du Japon

Drapeau de l'Inde

Arabe  

drapeau de la République populaire de Chine

 

*

 

*