Les Francs-Maçons
au Maroc
sous la IIIe République
1867 - 1940

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Odo Georges
Table Générale des matières - Bibliographie  . § 1 - 1867 Implantation au Maroc  .  § 2 - 1925 Les FF∴ et Lyautey  . § 3 - 1927 Steeg et l'extériorisation . § 4 - 1929/1930 Décret berbère . § 5 - 1931 Problèmes internes . § 6 - 1933 Politisation intensifiée § 7 - 1934 les "Affaires"  .    § 8 - 1936 le Front Populaire  . § 9 - 1938/1940 : Fin d'une époque  .  § 10- la Franc Maçonnerie et la presse  . § 11- les loges espagnoles  .   § 12- Tanger zone internationale. § 13 - Moulay Hafid  . ............................                Tableau des Loges

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Crises_successives 
Les_Francs_-_Maçons_en_alerte
Répercussions .
 
        CHAPITRE     VII
 
 
Les "affaires" : 1934

 Crises successives
 
L’année 1934 s’ouvre sur la brillante réception faite à Casablanca au F\ Proust, reçu en tant que député de l’Indre et Loire et président du Comité Républicain du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture... Toujours en janvier,  quelques jours plus tard, l’affaire Stavisky passe à la une de tous les journaux. Pour les républicains l’horizon s’obscurcit brutalement. Si dans le journal du soir La Vigie Marocaine  du 5 janvier on relate, en page intérieure, "le grand banquet du comité républicain qui a réuni 300 convives autour de MM. Ponsot et Proust...", par contre c’est en première page que s’étale : "escroc notoire, connu de la police, Stavisky a pu en toute sécurité monter des sociétés en baudruche..". L’affaire Stavisky commence et les difficultés des républicains avec !
 
Le 10 janvier, La Vigie Marocaine note la reconduction des FF\ Denoueix et Rolland aux postes clés de la commission municipale de Casablanca. Le même journal, le 23 janvier, annonce "un mouvement agraire au Maroc : celui des colons tondus". Mais, également : "les Camelots du roi provoquent de graves bagarres en différents points de la capitale... Énergique protestation du Comité Central  des Industries du Maroc". En fait, les querelles françaises vont d’autant plus facilement toucher le Maroc que la crise économique s’y prolonge de façon inquiétante.
 
En février, La Vigie Marocaine donne le ton :      "M. Chiappe refuse la Résidence du Maroc... Nous n’avons contre la personnalité de M. Chiappe aucune prévention. Mais le Maroc est tout le contraire d’une maison de repos pour camarades fonctionnaires au rancart". Or les mouvements de rues, du 6 février, en France, les attaques par des éléments royalistes de certains temples en province sont préoccupants.
 
Au Maroc, les manifestations dans les rues de Rabat des colons touchés par la crise se heurtent à des barrages de police. Chapon, et à sa suite toutes les CCI du Maroc, refuse d’appuyer ce mouvement - dit des       "colons tondus" - par une fermeture des magasins. Pour la raison, dit-il, oubliant d’ailleurs un passé personnel récent, qu'il ne saurait "admettre des manifestations sur la voie publique", surtout pour obtenir une aide dont le commerce et l'industrie feraient les frais, en même temps que tous les autres contribuables. Chapon est d'autant plus ferme que, républicain convaincu, il n'apprécie pas ce mouvement d'allure paramilitaire sous l’impulsion de Morlot d'Oujda. Mouvement déclenché les 5 et 6 février, date décidément lourde de signification politique en cette année 1934.
 
Les Francs - Maçons en alerte
 
Les FF\sont donc en alerte. Les Chapitres de Casablanca et Rabat, où progressivement les affaires politiques laissaient le pas à d’autres sujets, sont remobilisés par une circulaire du Grand Collège qui "lance un puissant appel aux FF\ exerçant un mandat politique ou des fonctions administratives pour les adjurer d’entendre son appel ... De multiplier les  visites au sein des loges et des congrès pour réveiller les indifférents, stimuler les tièdes en évoquant ce qui se passe en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Russie où la F.M. a été persécutée".
 
Au même moment les loges reçoivent aussi une circulaire du Conseil de l’Ordre rappelant avec force que "ni Stavisky, ni Garrat, ni Dubarry n’ont jamais été maçons". Suit la  circulaire n°6 du 13 février "Le Conseil de l’Ordre a décidé de ne pas réunir de Convent extraordinaire .. mais demande à tous les FF\ d’être prêts à répondre à tout appel de sa part". Enfin une circulaire très prudente arrive, adressée aux FF\ du GODF et de la GLDF, pour mettre "en garde certains FF\ qui n’écoutent que la générosité de leurs sentiments .. Plus que jamais il serait regrettable de céder à des impulsions.. La FM\ n’est pas un groupement de combat et doit rester en dehors des luttes de partis. Il convient que les loges et Chapitres s’abstiennent de toutes manifestations extérieures .. Cependant les FF\ doivent défendre la République dans tous les milieux profanes où peut s’exercer leur action".
 
A Rabat, la loge "Fraternité Marocaine" n’en ratifie pas moins "la constitution d’un comité des trois loges de l’orient en vue de l’élaboration d’un programme d’action". Dans la même soirée, les FF\ rejettent l’admission des femmes au sein du GODF mais se montrent favorables au DH, puis ils s’interrogent sur "les méthodes fascistes et les moyens de les combattre", enfin ils concluent un travail sur  "les moyens pratiques pour assurer l’éducation de la jeunesse marocaine". L'ensemble est caractéristique de la FM\ au Maroc, à la fois sensible aux problèmes en France et à l’évolution du Maroc.
 
En mars, alors que les FF\ ont déjà fort à faire pour défendre leur image dans le monde profane, l’affaire Tarriot vient leur compliquer la tâche. Le compte-rendu du Chapitre de Casablanca résume la position des FF\ sur la question : "Le Chapitre accepte à l’unanimité la démission du F\ Tarriot ; tous les FF\ sont d’accord pour reconnaître l’activité déployée par Tarriot dans les divers groupements qu’il a présidés. Tous regrettent la publicité faite dans le monde profane de ce que l’on a appelé l’affaire Tarriot.... Le Chapitre décide que le statu quo de la Mission Laïque doit être maintenu tout en reconnaissant aux autorités le droit de contrôle". Ceci en réponse au projet de règlement du chef des Services Municipaux,  M. Courtin, désireux de superviser ce fief maçonnique.
 
Au mois de mars toujours, les loges tiennent leur     IX° Congrès à Casablanca. Les questions  à l’ordre du jour sont celles-là mêmes que Rabat abordait en février, à savoir "l’instruction de la jeunesse marocaine", "le réveil de la maçonnerie d’adoption au sein du GODF", plus "les bases d’une  réforme administrative au Maroc". Sur cette dernière question, les FF\ du GODF et la GLDF adoptent le rapport du F\ Guitton, secrétaire général de la Fédération des Fonctionnaires. Rapport déjà approuvé par les syndicats de fonctionnaires et contre lequel intervient le   F\ Laoust, éminent arabisant : "je veux éviter de critiquer le rapport mais l’administration directe est contraire à la base du traité du Protectorat qui nous a donné une mission, or le Protectorat, du point de vue administratif, fait le contraire de ce qui a été prévu.. Dans le service de l’enseignement par exemple pas un seul Marocain sur soixante dix fonctionnaires..". Guitton reconnaît dans sa réponse que "de même qu’en matière commerciale on ne suit pas l’Acte d’Algésiras qui prévoit le régime de la porte ouverte, de même en matière administrative le traité n’est pas respecté". Aussi le Congrès, tout en appuyant le rapport, se sent obligé de mettre à l’ordre du jour du Congrès de l’année suivante :  "Acte d’Algésiras et organisation économique et sociale du Protectorat", avec comme autre thème : "définition des principes sur lesquels doit être basée l’organisation administrative et politique du Protectorat français au Maroc". Question d’actualité s’il en est, car l’action du patronat en 1934 se porte essentiellement sur la révision du statut douanier, les CCI demandant avec insistance protection contre la concurrence avivée par la crise.
 
Le Congrès n’oublie pas les événements français et souhaite que "le Conseil de l’Ordre pose sans délai la question aux loges si oui ou non la formule du gouvernement du peuple par le peuple leur paraît compatible avec notre organisation actuelle..". Allant plus loin, Marrakech voudrait que "la F.M. constitue une commission d’enquête à l’intérieur de l’ordre pour procéder à une œuvre d’épuration et qu’elle rejette de son sein les FF. compromis dans les scandales de la III° République". Le F\ Cazemajou répond qu' "il est inutile de voter ce vœu car le Conseil de l’Ordre a déjà procédé à l’épuration au sujet de l’affaire Stavisky et mettra en jugement tout F\ compromis dans un scandale actuel ou à venir… Si les loges ne sont pas mieux renseignées c’est que le Conseil de l’Ordre craint les indiscrétions, les circulaires pouvant être interceptées..".
 
Fin mars, à Constantine, se réunit le XI° Congrès des loges d’Afrique du Nord pour débattre, dans le prolongement du Congrès Marocain, des sujets sur le fascisme et sur les femmes dans la maçonnerie. Est prévue également "la lecture des travaux fournis au sujet de l’histoire en Afrique du Nord", mais comme à l’habitude ces travaux d'histoire n’ont pas été faits par les loges. La présence, pour la première fois, de trois Conseillers de l’Ordre pour l’Afrique du Nord répond aux demandes de la région. Le TIF\ Cazemajou inaugure le troisième poste attribué. Ce succès est pourtant à peine salué, tant les esprits sont préoccupés par la situation dans le monde profane. Le TIF\ Dalloni, en ouvrant le Congrès, encourage les FF\ "à aller au dehors répandre la bonne parole" et précise que "le Conseil de l’Ordre a rejeté l’idée d’un Convent Extraordinaire parce que ce sont les Congrès Régionaux qui pourront traduire d’une façon certaine l’expression de la FM\ Française".
 
Ce que s’empresse de faire le Congrès de Constantine. Les délégués demandent au GODF de mobiliser l’ensemble de ses capitaux et de ses réserves, d’hypothéquer au besoin ses immeubles, pour permettre l’achat ou "la création d’un grand journal de défense, de propagande et d’information républicaine, doublé d’une agence télégraphique d’information, d 'un bureau de presse pour les régionaux républicains". Ils insistent pour "faire en sorte que les élus des partis politiques" soient écartés des postes de responsabilité dans les loges. Enfin, ils exigent  "la plus stricte sévérité dans l’examen  des  fautes commises par les FF\ compromis dans les scandales politico-financiers".
 
En avril, tandis que les Croix de Feu font des conférences, entre autres sur "l’Italie moderne", les FF\ du Maroc concrétisent la proposition de Constantine et prévoient des sommes à "mettre à la disposition de la commission chargée de la création du journal" d’opinion de gauche. A son retour de Paris, le TIF\ Cazemajou rend compte dans les Ateliers  des décisions du Conseil de l’Ordre, du 18 mars, portant sur un manifeste le plus court  possible : la maçonnerie n’engage pas de polémique.. Des mesures ont été prises à l’encontre des FF\ coupables... A Paris règne la méfiance et la suspicion tandis que la province, restée plus calme, n’admet pas que le mouvement parisien reflète le sentiment de la France ainsi que la grande presse l’affirme". Cazemajou précise au passage qu’ "il donne le démenti le plus formel au bruit selon lequel existerait un différent Savoire - Lebey".
 
En mai cependant, le TIF\ Cazemajou se doit de faire le point sur "les divergences entre le Grand Collège et le Conseil de l’Ordre....La modification du règlement général n’a d’autre but que de donner à chacune des puissances maçonniques l’indépendance réciproque". Cette crise interne n’est donc pas absente des préoccupations des FF\ du Maroc, mais il n’en demeure pas moins qu’ils restent davantage attentifs aux retombées de l’affaire Stavisky et aux prolongements de la crise du  6 février.
 
De plus, un autre malaise se confirme, comme à travers toute l’Afrique du Nord : la prise de conscience nationale et la poussée nationaliste progressent face à la présence française. Le TIF\ Dalloni peut bien affirmer "le jour où les indigènes vraiment instruits et évolués auront compris ce que nous voulons faire, les tendances nationalistes n’auront plus aucun sens", la réponse vient de Fès qui, le 8 mai, pavoise et manifeste sa joie à l’occasion de la visite du sultan : le pacha de la ville est molesté, un drapeau français est lacéré. Le 11 mai, dans son journal l’Action du Peuple,  El Ouazzani titre : "Fès acclame le souverain marocain". Le journal est suspendu. Dés lors, le comité de rédaction va s’orienter vers la mise en forme d’un plan de réforme, à l’instar des Nationalistes de la zone Nord sous Protectorat espagnol. Ce plan de réforme sera présenté, en décembre, au Résident Général, marquant l’entrée en scène du premier parti marocain, le C.A.M. autrement dit le "Comité d’Action Marocain".
 
En juin, la nouvelle arrive de Paris que, contrairement à certaines déclarations, le TIF\ Savoire n’a jamais eu l’intention de démissionner de la FM\. Par contre les divergences entre le G.C.R. et le Conseil de l’Ordre se confirment "à propos des événements et de l’attitude à prendre". Seule note optimiste, sur le plan local, l’installation de la loge de Settat  "La Gerbe Fraternelle" sous l’impulsion du TIF\ Cazemajou.
 
En octobre, à la rentrée, les FF\ sont sensibles à l’analyse du  F. Bedarride de Marseille selon qui "l’Ordre traverse, par suite d’une répercussion des événements extérieurs, une crise interne grave". Pendant ce temps le colonel de la Rocque fait salle comble à Casablanca ; il y a autour de lui de hauts fonctionnaires, des officiers retraités devenus souvent colons. Cette armature encadre d’anciens combattants, des petits fonctionnaires ; le mouvement dispose en outre de gros moyens financiers. Le moment est donc difficile pour les FF\ affaiblis par leur crise interne. D’autant plus que dans le prolongement de l’affaire Tarriot éclate l’affaire Luppé. Ce F\ socialiste est pris vivement à parti par la presse locale. La Vigie Marocaine du 8 novembre annonce, sur trois colonnes, "Affaire des Régies Municipales". Ce qui devient le lendemain "l’Affaire Luppé... ex chef des Régies municipales de Casablanca qui sera tout à l’heure sur la sellette ; M° Rolland constitué par Luppé avec M° Reveillaud pour détournement de fonds...". Les jours suivants, l’affaire continue d’être largement exploitée et c’est avec acidité que l’éditorial conclue cette série d’articles : "un bon acquittement n’aurait-il pas mieux rendu à l’honneur de M. Luppé l’éclat de la blanche hermine plutôt qu’un non-lieu rendu dans le mystère d’un cabinet d’instruction". Luppé, comme Tarriot, sera exclu du GODF "pour avoir compromis lui-même et la FM\ dans des affaires profanes".
 
Fin décembre, la venue du TIF\ Martin n’est pas de trop pour remonter le moral des FF\ sérieusement éprouvés tout au long de l’année. Après avoir rappelé "l’exclusion des FF\ députés Hesse, Renoult et surtout Proust", celui-là même avec qui les FF\ du Maroc avaient ouvert l’année avec faste, le F\ Martin proclame dans sa péroraison :  "La FM\ n’est pas sortie amoindrie de ces événements, elle a en effet châtié impitoyablement, usant d’une procédure d’urgence, tous ceux de ses membres qui, à quelque titre que ce soit, ont été compromis". De nombreux applaudissements saluent la fin de l’exposé qui atteste, une fois de plus, que la sévérité réclamée par les loges du Maroc est une réalité au sein de l’obédience .
 
Répercussions                             
 
Des démissions sont à enregistrer, au début de l’année 1935, signe palpable de l’état de crise. Pendant ce temps dans le monde profane le Comité d’Action Marocain, pour faire admettre son plan de réforme, envoie des télégrammes et des lettres de protestation, multiplie les contacts avec des personnalités politiques françaises.
 
Les FF\, tout en étant mobilisés pour résoudre leur malaise interne, sont donc requis par le problème marocain plus présent  que jamais.
 
En mars, ils prennent connaissance, avec  la plus grande attention, de l’étude du F\ Rolland sur la justice marocaine. Selon ce F\  "bien que le Coran soutienne non seulement la loi morale et religieuse mais encore la loi civile et même la loi pénale, le cadi seul juge reconnu par le Coran a vu à côté de son droit canon se développer, avant le Protectorat, d’autres juridictions tels que tribunaux rabbiniques, djemaas berbères et surtout la juridiction temporelle des pachas et caïds... Puis sont venus les tribunaux consulaires pour les litiges d’abord entre étrangers, ensuite entre étrangers et Marocains, enfin entre  protégés marocains  et Marocains. En 1912 ces tribunaux consulaires sont remplacés par des tribunaux français qui jugent au nom du Sultan et du peuple français.. Pourquoi ne pas donner aux indigènes le droit d'option entre les juridiction indigènes actuelles et les tribunaux français".
 
Propos d’autant plus intéressants à noter que le F\ Rolland - président du parti radical au Maroc et futur bâtonnier - conclut : "Envisagé favorablement par le congrès radical de 1931, par les congrès des loges marocaines de 1932 et 1933, le droit d’option paraît en l’état actuel la réforme législative la plus rapide, la plus aisée, la moins onéreuse pour assurer aux indigènes le libre exercice des droits de la défense". Autorisation est donnée au F\ Rolland de publier "cette planche" dans le journal technique La Gazette des tribunaux du Maroc dont il est le rédacteur en chef. La justice au service de l’assimilation : l’orientation politique générale est confirmée.
 
Mais comment en rester aux seuls problèmes marocains quand tout vous incite à regarder vers la France, depuis les journaux locaux jusqu’aux FF\ visiteurs, en passant par la correspondance officielle venue de Paris.
 
En avril, le TIF\ Pourriau GM\du GODF vient au Maroc. A Casablanca, il fait un discours où il attire l'attention "sur la nécessité de reprendre le rôle des Ateliers Supérieurs axés sur l’étude des problèmes symboliques". Il constate en effet que, si certains FF\ ont démissionné manquant de courage, d’autres lassés par les discussions politiques ont réveillé le Grand Prieuré des Gaules avec le principe du Grand Architecte, pensant servir ainsi de lien entre le GODF et les obédiences étrangères. Par ailleurs d’autres FF\ veulent travailler au rite rectifié, en restant administrativement attachés au GODF, sans participer au convent. Cette nouvelle obédience est constituée depuis trois semaines, mais le Collège des Rites fait des difficultés pour admettre en son sein des Ateliers ayant décidé de travailler en dehors de lui...  "Il faut veiller plus que jamais à l’unité, car des calomnies circulent sur l’obédience. Certes le GODF a tout fait pour retarder la scission, surtout en ce moment".
 
Ce discours du TIF\ Pourriau, sur l’union nécessaire, est d’autant plus de circonstance qu’une lettre du Chapitre d’Alger vient d’arriver, invitant "Casablanca à s’associer à la création d’une nouvelle obédience", proposition rejetée à la demande du TIF\ Cazemajou favorable au statu quo et à l’unité.
 
Dans le même esprit, le TIF\ Cazemajou, jusque là réticent à tout rapprochement avec la GLDF, en vient à s’en faire l’avocat compte tenu des circonstances : "face aux attaques de nos ennemis communs il faut s’efforcer de maintenir l’union". Aussi va-t-il cosigner avec le TIF\ Lebert de la GLDF, la lettre circulaire suivante : "Les événements de février dernier nous avaient amenés à demander à diverses loges du Maroc qui constituent naturellement des noyaux républicains, s’il n’était pas utile d’ajouter à leur action locale celle, générale, d’un journal de défense des institutions républicaines.. Des essais ont été faits de l’utilisation, d’une manière intermittente, de certains journaux déjà existants et les résultats restent satisfaisants dans le cadre local. Mais ceci est précisément insuffisant. Il y a lieu de revenir à l’idée de créer un journal hebdomadaire, contrôlé par la FM\, association foncièrement républicaine. Ce journal aurait à assurer une tribune libre, où toutes les écoles et partis républicains, laïques et démocrates, exposeraient et confronteraient leurs doctrines politiques, économiques et philosophiques..". Le projet, malgré les souscriptions, n’aboutira pas à cause du coût élevé de l’entreprise.
 
Sur le plan de la structure interne, le Chapitre de Casablanca continue à se ressentir, comme tous les Ateliers du Maroc, des secousses éprouvées par la FM\ en général et sur le plan local en particulier. De plus l’existence du Chapitre de Rabat lui fait perdre, comme il le craignait, un certain nombre de participants ; d’où une diminution sensible de son influence. Au total, les Ateliers du Maroc sont l’objet d’une certaine morosité.
 
Morosité à l’intérieur mais activité à l’extérieur de par l’engagement de quelques FF\ dont le F\ Chapon n’est pas le moindre. En qualité de président de la CCI de Casablanca, il s’engage résolument dans la défense de la doctrine "impériale". Il faut, dit-il, "que la concurrence des économies distinctes et dissociées de la métropole et de ses terres d’outre-mer arrivent à se confondre dans le bloc d’une économie impériale". Pour faire aboutir ses vues Chapon réclame la substitution de l’organisme consultatif qu’est le Conseil du Gouvernement par un organisme délibératif. Or le Résident, M. Ponsot, que l’on avait soutenu en février 1934 parce qu’il donnait quelques espoirs, manœuvre sur ce point et sur le traité d’Algésiras où il finit par prendre une position définitive contraire aux attentes. Dés lors, Chapon mène l’offensive en tant que président du Comité de coordination des trois Collèges. Car le troisième Collège a été rallié contre M. Ponsot qui voulait réduire le nombre de fonctionnaires pour alléger le budget et freiner l’administration directe. En décembre 1935, les trois Collège refusent de siéger, Marcel Chapon intervient auprès du Ministre des Affaires Étrangères et du Président du conseil, Pierre Laval. L’intervention de Chapon a d’autant plus de poids que la Banque d’Etat, c’est à dire la Banque de Paris et des Pays Bas, est mécontente de la fermeté montrée à son égard par le Résident Général.
S    CHRONOLOGIE DU PROTECTORAT.
 

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