LA FRANC-MAÇONNERIE

en

AFRIQUE  FRANCOPHONE

1781 - 2000

1970 - 1980    Consolidation des obédiences africaines

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   Odo Georges
Table Générale des matières - Bibliographie Avant 1870  -  Avant 1914  -  Avant 1940 Colonisation et Humanisme - Indigènes  -  Guerre 1940  -  Union française - Indépendances -  1960  - 1960- 1970 - 1970-1980 Avant 2000  - Après 2000
 

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        CHAPITRE  XI

            1970 - 1980

         décennie où la consolidation l'emporte

 

 Afrique Méditerranéenne : Maroc, Algérie

 Afrique sub-Saharienne avec des Obédiences étrangères : Sénégal, Côte d'Ivoire, Togo

 Afrique sub-Saharienne avec des Obédiences Nationales : Cameroun, Bénin, Gabon, Zaïre

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Afrique Méditerranéenne : Maroc, Algérie

 

¤- Au Maroc, tandis que la loge « Eurafrique » du GODF se maintient, l'obédience Marocaine traverse une crise interne.

 

Les FF\ du GODF restent actifs, malgré leur situation particulière, au point qu'ils aident à mettre sur pied le dernier congrès des LL\ d'Afrique du Nord à Oran, en 1971, et qu'ils sont des plus  actifs à Paris au sein du Congrès des Loges de l'Extérieur, congrès préparatoire à la "Commission Conventuelle des Loges Hors Métropole et de l'Extérieur", dont ils vont assurer le secrétariat tout au long des années 1970. Il s'agit pour eux de sensibiliser le Convent aux préoccupations des loges africaines : dénonciation de l'européocentrisme, critique du néo-colonialisme, recherches sur le binôme «Traditions et Modernité» et demande d'un colloque sur «Rites et Traditions en Afrique», idée qui fera son chemin. La loge s'implique fortement jusqu'au convent extraordinaire de 1979 ; à cette date, les FF\ décident de s'effacer devant l'Obédience Marocaine.

 

En effet, en 1974, l'Obédience « Grand Atlas » se scinde en deux : « El Wahda » face à la « Grande Loge du Maroc ». Cette dernière reste finalement seule en activité et, en septembre 1977, son GM\ assiste aux Convents  du GODF et de la GLDF pour bien manifester son indépendance face à la problématique française. Ayant l'assurance, par jugement de la Cour de Casablanca en 1978, de la compatibilité entre le texte du Coran et les Règles maçonniques, les quatre loges poursuivent leurs travaux. La plus active de ces loges installées à Casablanca et travaillant toutes en langue française, est, sans conteste, la loge «.Loyauté ».

 

Active dans le Royaume, l'Obédience marocaine l'est également sur le plan africain. En septembre 1979, elle participe de façon très dynamique à une réunion, à Paris,  où sont représentés : Grand Rite Equatorial, GOLUC, Grand Orient du Zaïre, Grand Rite Malgache. Un appel est à cette occasion lancé pour que toutes les structures maçonniques africaines (obédiences nationales et loges) se retrouvent en octobre, à l'occasion du Convent annuel des GOLUC,  à Douala. En quelque sorte, le point de départ de la CPMAF « Comité des Puissances Maçonniques Africaines » et une préfiguration des REHFRAM «.Rencontres Humanitaires et Fraternelles Africaines et Malgaches ». Cette première réunion de 1979 confie la présidence aux FF\ marocains et décide d'un colloque à Dakar sur « Traditions et Rites africains ». C'est ce dynamisme, le choix d'un sujet et d'un colloque qu'ils demandent depuis de longues années au sein de leur propre obédience, les bons rapports entretenus avec les FF\ marocains qui amènent les FF\ du GODF au Maroc à la décision de s'effacer, avec le sentiment que la voie qui s'ouvre correspond à leurs aspirations.

 

¤-  En Algérie, le processus est très différent ; ce sont les conditions générales  et le positionnemnt idéologique du pouvoir en place qui mènent à la fermeture.

 

En 1971, juste avant la loi de 1972 sur le statut des associations, se tient pour la dernière fois un congrès des loges GODF d'Afrique du Nord. Il a lieu à Oran, réunissant les FF\du Maroc - Oujda, Casablanca et Rabat regroupé sous le nom  de loge "Eurafrique" - et ceux d'Algérie - Oran, Annaba - tandis que les FF\ d'Alger et de Tunis sont absents. A lui seul le nombre réduit de participants venus des Orients Algériens est révélateur de la situation réelle :  la Franc-Maçonnerie en Algérie est en cessation d'activité.

 

Les quelques ateliers qui subsistent sont exsangues en raison du départ des Européens, et la loi de 1972 leur enlève l'espoir d'une reconnaissance officielle à brève échéance.

 

¤- La Tunisie, pour sa part, n'a plus de loges en activité depuis de nombreuses années, il ne subsiste que des contacts, chez les uns ou les autres, entre FF\ restés à Tunis ou arrivés dans le cadre de la coopération.

 

Là aussi les conditions générales sont contraires à la vie maçonnique. Bien que Bourguiba ne soit pas adversaire de la Franc-maçonnerie. Si l'on en juge par la visite faite au cours de son séjour à Paris, en juin 1972, par le président Bourguiba, accompagné d'un de ses ministres, au Grand Maître du Grand-Orient de France, Fred Zeller**. Si l'on en juge également par ses perspectives sur la société tunisienne à réaliser. Les appréciations sur son comportement et les valeurs dont il se fait l'avocat font que certains le jugent comme un "maçon sans tablier", même si l'expression n'est pas utilisée.  Mais Bourguiba reste sur la réserve pour des raisons de politique interne et la Franc-maçonnerie ne trouve pas un espace où se concrétiser.

 

 

Afrique sub-Saharienne avec des Obédiences étrangères : Sénégal, Côte d'Ivoire, Togo

 

¤- Au Sénégal,   la période est bien celle de la consolidation de la Franc-Maçonnerie.

 

Tandis que « Fraternité Universelle » du DH se maintient, «.La Croix du Sud 775 » de la GLDF rallume ses feux dès 1972 pour construire l'année suivante son propre temple, alors que précédemment elle avait bénéficié de l'hospitalité du GODF dont l'importance s'accroît. En effet « L'Etoile Occidentale » essaime pour donner vie en 1976 à la loge « Blaise Diagne » également à Dakar. A ce dispositif s'ajoute dorénavant la loge créée dès 1968 par la GLNF, dont c'est ici la première implantation en terre africaine sub-Saharienne.

 

Fait  révélateur de la vision fraternelle en Afrique : toutes ces loges GODF, DH, GLDF - à laquelle va venir se joindre en ses débuts la GLNF - se retrouvent au sein d'une « inter obédientielle». Ce qui au demeurant renforce à cet instant le sentiment d'une évolution en gestation vers une Obédience Nationale.

 

¤- En Côte d'Ivoire, même phénomène de consolidation car, en 1971, le Président de la République lui-même reconnaît solennellement en public que les « complots » de 1963 n'étaient qu'une affabulation, dont sera accusé un obscur commissaire de police. En même temps les accusés sont réhabilités ; certains seront même nommés ministres à nouveau, comme Jean-Baptiste Mockey.

 

Dans cette atmosphère de détente, les feux de la loge «.Fraternité Africaine » sont rallumés en 1972 après une intervention du GODF auprès d'Houphouët. Les autres obédiences françaises suivront, à l'image de « Concorde Universelle » GLDF en 1974. Seule la GLCI reste, en cet instant, interdite.

 

¤- Au Togo, l'espoir revient aussi. Les FF\ GODF - toujours aussi riches d'espérance dans l'avenir au-delà d'un présent parfois sombre,  - décident dés 1968 la construction du Temple GODF et, en 1972, compte tenu d'un effectif pléthorique à « Fraternité du Bénin »  d'un essaimage dont est issue «.Tolérance et Solidarité ».

 

En 1972, la même année, la GLNF fait son apparition au Togo avec « Franchise 148 », suivie les deux années suivantes de deux autres loges, toutes au rite émulation.

 

En 1974, la Grande Loge Unie d'Angleterre met en place «.Togo Lodge 8605 ».

 

En 1976, le mouvement maçonnique se renforce de la création de « Delta du Bénin » par la GLDF.

 

En 1978, c'est au tour de la Grande Loge d'Ecosse d'implanter « Lodge of Togo 1625 » et de la Grande Loge d'Irlande de se manifester avec « Fraternité Universelle 866 ».

 

De sorte que le Togo devient exemplaire d'une vie maçonnique variée, intense et d'autant plus remarquable que la volonté de maintenir des relations entre les obédiences en place est une préoccupation constante malgré les difficultés rencontrées.

 

 

Afrique sub-Saharienne avec des Obédiences Nationales : Cameroun, Bénin, Gabon,  Zaïre

 

¤- Le Cameroun - Ahidjo** étant à la tête de l'Etat - apparaît comme un cas intermédiaire puisqu'il y a côte à côte une Obédience Nationale et une loge du GODF. Ce qui fait que les GOLUC sont à la fois attentifs aux rapports avec le GODF et à l'évolution maçonnique africaine.

 

Sur le plan interne, le problème des rapports avec  la loge GODF de Yaoundé est toujours en suspens : dans un esprit de conciliation, une convention signée en 1976 entre les GOLUC et le GODF, admet la conservation provisoire de la loge à l’Orient de Yaoundé  avec seulement des FF\ déjà initiés, car l'article 18 interdit toute nouvelle initiation. Les FF\ de l'atelier GODF récusent, dès son adoption par le Convent, cette interdiction de se perpétuer et relancent la controverse. Ce qui amène, en novembre 1979, à modifier, dans un esprit de conciliation, la convention en son article 18 et autoriser pour un an les loges du GODF à procéder de nouveau aux initiations ; décision éventuellement reconductible par simple accord des parties.

 

Sur le plan africain les FF\ des GOLUC se portent candidats pour organiser, lors de son convent d'octobre 1979, la première réunion des structures maçonniques africaines.

 

¤- Au Dahomey (Bénin), la Franc-Maçonnerie passe de moments d'espoir à la mise au ban de la société.

 

En janvier 1970,  « le Grand Bénin du Dahomey sort de sa léthargie voulue et nécessaire à sa survie », démolit les trois ateliers existants et change de dénomination pour devenir «.Grand Orient et Grande Loge du Dahomey - Grand Bénin du Dahomey », dont le premier atelier en mars sera « Justice » du nom d'un atelier du GODF à Paris.

 

Rassurés par la présence du F\ Apithy** dans le triumvirat présidentiel, les FF\ créent  deux autres ateliers en septembre 1972, juste avant que ne se produise un nouveau  coup d'Etat militaire qui porte au pouvoir Kérékou**.

 

 

En août 1973, dernier acte maçonnique notable en cette période, la GLNF consacre une loge « Africanité 160 » qui va rapidement émigrer au Togo eu égard à la situation.

 

En juillet 1974, grâce à une information due au hasard, les FF\ échappent à un coup de filet de la police politique et se remettent aussitôt en sommeil.

 

Sage prudence car, en novembre 1975, le Dahomey devient République Populaire du Bénin et instaure un régime marxiste à parti unique. Le pays connaît alors un climat de persécutions, d'arrestations, d'exils, voire de condamnations à mort. Les Francs-Maçons sont sur le qui-vive.

 

¤- Au Gabon, par contre, la présence maçonnique se renforce progressivement et le F\Bongo**, Président de la République (@), écrit en mars 1973 : « je pense que nous devrions rester en dehors des querelles existant dans les pays européens entre les différentes obédiences et que seule une Loge Nationale pourra contribuer, grâce à l'unité de ses membres, à l'édification de la Nation ».

 

Dans cette perspective, la loge GODF « Europafrique », à laquelle appartient le Président, est démultipliée en juillet 1974 par l'essaimage de deux autres loges à Libreville.

 

Le 17 janvier 1975, dans un temple aménagé à la Présidence de la République et en présence du Président, les Patentes constitutives au Rite Français et REAA sont remises par le GODF au comité provisoire du « Grand Rite Equatorial » comprenant déjà 70 FF\ GODF,    7  GLNF et 5 de la GLDF. Le GRE, dans l'esprit de neutralité vis à vis des obédiences françaises défini dès le départ, demande également une Patente constitutive à la GLDF.

 

¤- Même au Zaïre, cet élan maçonnique est à l'ordre du jour. Si durant la Première République de Joseph Kasa-Vubu**, les difficultés à réaliser l'unité du pays avaient laissé la question maçonnique sur un plan mineur pour les autorités, l'avènement, en 1965, de la seconde République avec Mobutu** avait placé la Franc-Maçonnerie dans l'irrégularité.

 

C'est à la demande du GOBelge que l'autorisation de réouverture est donnée par Mobutu en 1972. Successivement « Labor et Libertas » à Lubumbashi, «.L'Ere Nouvelle » à Kinshasa et « Action et Progrès » à Likasi relèvent les colonnes et, en avril 1973, le Grand Orient du Zaïre peut être créé grâce à ces trois loges. Le DH belge lui-même ne reste pas absent de la région : il installe, à Lubumbashi, sa loge « Nyota 1072 ».

 

L'éloignement des loges - plus de 1.400 km entre Kinshasa et Lubumbashi - et l'approche différente des problèmes rendent pratiquement impossible pendant près de trente mois la réunion d'un Convent pour organiser les structures.

 

C'est finalement en février 1976 que le Convent en question se réunit à Kinshasa. Le Zaïre étant à l'ère de l'authenticité, l'article 11 se glisse dans cette logique : « Le GOZ est une Puissance Maçonnique [qui] pratique son propre rite ». Mais cet article 11 affirme aussi : « Liberté absolue de conscience » … "Liberté, Egalité, Fraternité ». Affirmation de principes rapidement considérés par l'Etat dictatorial en place comme nécessitant une surveillance attentive de ses défenseurs.

 

 

¤- Au Burundi - dans un pays toujours à la recherche de son équilibre interne - le DH, dans le prolongement de son apparition au Zaïre, installe à Bujumbura sa loge pionnière «.Lumière d'Afrique 1345.».

 

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