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11° REHFRAM 2003

 

Brazzaville

 

 

 

Afrique maçonnique

1999
Lomé
2000
Tananarive
2001
Douala
2002
Cotonou
2003
Brazzaville
ALGERIEBENINBURKINA FASOBURUNDICAMEROUNCONGO BRAZZAVILLECONGO  KINSHASACÖTE  d'IVOIREDJIBOUTIGABONGUINEEMADAGASCARMALIMAROCMAURITANIENIGERSENEGALTCHADTOGOTUNISIECENTRAFRIQUEILE  MAURICESeychellesLybieEgypteSoudanErythréeEthiopieSomalieNigeriaGhanSao Tome et PrincipeCap VertLiberiaGambieGuinée BissauSierra LeoneRwandaOugandaCanariesMadèreKenyaTanzanieAngolaZambieMalawiMozambiqueZimbabweBotswanaRéunionNamibieSwazilandLesothoAfrique du SudLIBANGuinée équatoriale
Il y dix ans déjà !
Le moment d'une rétrospective est apparu comme une nécessité impérieuse. Les FF. d'Afrique ont avancé, avec rigueur et lucidité, sur ce chemin enrichissant pour tous.
Au-delà de l'intérêt historique du document élaboré à Brazzaville, nous nous devons d'apporter la plus grande attention aux questions que se posent les FF. africains, à leurs conclusions et à leurs projets. C'est à ce prix qu'un dialogue sincère et durable peut s'établir.
 
O   "Invitation au voyage dans l'Histoire récente de l'Afrique, par les images de l'INA" - Répertoire numérisé
 

Odo Georges

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LES REHFRAM 10 ANS APRÈS
 
BILAN ET PERSPECTIVES
 
En 2003, les Rencontres Humanistes et Fraternelles et Malgaches (REHFRAM) entrent dans leur 11ème année d’existence.
Ces 11ème Rencontres se tiennent, en février 2003, à Brazzaville, en République du Congo. C’est l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur ce forum devenu traditionnel avant de faire le point sur ses forces et ses faiblesses pour en dégager des perspectives dynamisantes
 
I- RÉTROSPECTIVE DES REHFRAM

 

 La première tentative de lancement des Rencontres Humanistes et Fraternelles Africaines et Malgaches (REHFRAM) a lieu à Douala en 1979. Les REHFRAM suivantes étaient prévues au Maroc ; elles n’ont pu être organisées.
Il a fallu attendre 1992 pour les voir démarrer véritablement à Dakar (Sénégal) où essentiellement des Francs-maçons d’Afrique de l’Ouest s’étaient retrouvés.
Les objectifs de départ (1992) étaient les suivants :
a)      Rassembler tous les Frères et Sœurs de l’Afrique de l’Ouest francophone pour mieux se connaître et partager.
b)      Faire prendre conscience aux Frères et Sœurs de la nécessité de connaître les initiations africaines, de les étudier en vue d’apporter la contribution de l’Afrique à l’initiation maçonnique.
c)      Procéder à l’analyse des causes du sous-développement, en particulier celles sur lesquelles le Frère africain peut agir : causes relatives aux valeurs morales ou a des mentalités. Indiquer comment et avec quels moyens le Franc-maçon peut agir.
Depuis lors, les REHFRAM ont été organisées régulièrement, regroupant chaque année dans un pays différent, en moyenne trois cents Frères et Sœurs.
L’on notera que, jusqu’en 1998 (Libreville, Gabon), deux types de questions étaient inscrites, chaque année à l’ordre du jour : une question bleue et une question verte. Depuis 1999 (Lomé, Togo), une seule question est retenue.
Nous présentons ci-dessous, les thèmes et les conclusions de ces REHFRAM successives pour rafraîchir la mémoire de ceux qui y ont pris part et donner un minimum d’informations aux autres.
La technique des tableaux nous paraît très économique et efficace pour ce genre d’informations. C’est pourquoi nous y recourons.
 
 
RENCONTRES
 
THEMES
 
CONCLUSIONS
N° d’ordre
Date - Lieu
 
 
 
 
 
 
 
 
1ères
 
 
 
 
 
 
 
28 –29 novembre 1992 Dakar (Sénégal)
 
 
 
 
Question bleue : « La symbolique dans l’initiation africaine »
-         La Franc-maçonnerie, parce qu’elle se veut universelle, doit prendre en charge les symboliques des différentes cultures et les véhiculer à travers le monde ;
-          La culture africaine étant considérée comme attardée et primitive par rapport aux cultures dominantes, la Franc-maçon doit faire preuve de discernement, de patience et d’humilité pour restituer, sous les enveloppes de préjugés, les richesses cachées des initiations africaines ;
-         Le Franc-maçon africain doit retourner au milieu africain, essayer de se faire initier dans les traditions africaines, les étudier et chercher à reproduire les rites africains en loge maçonnique.
Question verte : « Quel rôle le Franc-maçon africain peut-il jouer dans la lutte contre le sous-développement ? »
-         Le destin de l’Afrique est dans la destruction d’un ordre international qui l’opprime ;
-         La charité ne peut compenser l’injustice ; la générosité ne peut tarir la peine des hommes ;
-         C’est aux Africains de construire l’avenir de l’Afrique à travers un combat acharné.
 
 
 
 
 
 
 
2èmes
 
 
 
 
 
 
 
13 –14 novembre 1993 Douala (Cameroun)
 
Question bleue :
« Franc-maçonnerie et universalité »
-         L’universalité se bâtit ; elle est progressive ;
-         Depuis ses origines la Franc-maçonnerie s’est assignée pour objectif de travailler au perfectionnement constant de l’homme ;
-         Il nous appartient de construire et d’améliorer constamment l’universalité de la Franc-maçonnerie au-delà des symboles, au-delà des idéaux énoncés.
 
 
 
 
Question verte :
« Hors du temple, qui es-tu, Franc-maçon ? »
-         Des Francs-maçons, hommes ou femmes, trahissent leur serment ;
-         Il y en a qui ont eu le délicat privilèges de tenir les rênes du pouvoir mais des maux tels que la pauvreté, le sous-développement, l’injustice sociale se sont aggravés, de sorte que Franc-maçonnerie est parfois associée à mauvaise gestion dans l’imaginaire des profanes ;
-         Chez les « Maçons de base » il y a des manquements aux devoirs de solidarité, d’assistance, de fraternité, aussi bien entre Frères et Sœurs qu’à l’égard des profanes ;
-          Chacun doit se rappeler qu’entrer en maçonnerie, c’est aussi s’engager.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
3èmes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 –12 février 1995
Abidjan (Côte-d’Ivoire)
 
 
 
 
 
 
 
 
Question bleue :
« Rassembler ce qui épars »
-         A travers l’humanisme spirituel et universel prôné par la Franc-maçonnerie, les Maçons du continent peuvent retrouver une unité reposant sur les quelques recommandations ci-après :
1.      Chaque obédience doit travailler dans l’esprit de l’unité ;
2.      Consolider, maîtriser et enrichir les REHFRAM.
3.      Créer les conditions d’une meilleure connaissance réciproque en organisant des manifestations communes, telles la fête de la St-Jean ;
4.      Initier des rencontres inter obédientielles dans le même Orient ;
5.      Poursuivre la création et la consolidation d’obédiences nationales ;
6.      Re dynamiser notre patrimoine initiatique ;
7.      Créer et toutes les opportunités pour réfléchir et agir ensemble ;
8.      Axer nos réflexions en priorité sur les problèmes locaux ;
9.      Envisager des actions communes face aux problèmes qui secouent le continent.
  
 
 
Question verte :
« le 3ème millénaire comment les Francs-maçons d’Afrique le préparent-ils ? »
-         L’Afrique a besoin de veilleurs silencieux pour préserver les valeurs humaines et assurer la place du continent dans le monde. Ce rôle set tout désigné pour les Francs-maçons qui ont pour mission de travailler à l’avènement d’une Humanité meilleure et plus éclairée.
-         Dans le 3ème millénaire qui s’annonce, l’Afrique et les Francs-maçons d’Afrique ne doivent plus se laisser surprendre par quelqu’événement que ce soit. L’avenir paraît sombre pour tout le monde mais l’espoir est permis.
 
 
 
 
 
 
 
 
4èmes
 
 
 
 
 
 
9-10-11 février 1996 Libreville (Gabon)
 
 
 
Question bleue :
« Comment servir la liberté tout en servant la vérité ?»
-         Le Franc-maçon est un homme de la cité. Il peut et doit affirmer sa position lorsque des valeurs considérées comme fondamentales se trouvent en péril, violées, méconnues ou attaquées.
-         Pour servir la liberté et la vérité, il faut d’abord les connaître de l’intérieur, les aimer et les utiliser au bénéfice de soi et de l’autre ;
-         La liberté et la vérité sont des quêtes de tous les jours, sans cesse remises en cause et que l’on doit s’efforcer de mettre en pratique dans le vécu quotidien sans découragement.
Question verte :
« quel sens donner au message et à la pratique des Maçons en Afrique à l’orée du 21ème siècle ? »
Le message maçon d’amour, de fraternité, de justice et de liberté a une portée intemporelle ;
Plus qu’ailleurs, le Maçon africain se gargarise de belles formules, pérore au lieu d’être bâtisseur, un homme d’action. Il faut passer le plue vite possible du spéculatif à l’opératif . 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
5èmes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
7-8-9 février 1997 Cotonou (Bénin)
 
 
Question bleue :
« quel peut être l’apport de l’Afrique dans le domaine initiatique et symbolique ? »
-         S’il est vrai que la Franc-maçonnerie occidentale a été influencée par son origine judéo-chrétienne, la Franc-maçonnerie africaine peut intégrer la culture négro-africaine ;
-         Les Maçons qui ont le privilège d’accéder aux sociétés initiatiques africaines devraient ramener au sein des loges ont pas ce qu’ils ont vu ou vécu, mais les valeurs sacrées attachées à leurs expériences ;
-         Un comité pluridisciplinaire africain peut être créé pendant les REHFRAM 97 pour approfondir ces éléments de réflexion et faire un rapport périodique de leurs recherches et résultats aux Puissances Maçonniques Africaines et Malgaches.
 
Question verte :
« Comment organiser la formation et l’éducation de l’homme pour l’évolution de l’Afrique ? »
-         Il nous faut d’abord nous attacher à créer des conditions favorables à l’évolution de l’Afrique, en particulier dans le sens du développement moral et spirituel ;
-         L’éducation est par excellence le domaine du service public, son contrôle et son orientation ne doivent pas donc être laissées aux puissances d’argent et à la vogue de la privatisation. L’enseignement privé doit rester l’appendice de l’enseignement public et aider l’Etat dans certaines formations bien précises et dans des limites déterminées. Respect du principe de la laïcité.
 
 
 
 
 
6èmes
 
 
 
 
6-7-8 février 1998 Libreville (Gabon)
 
Question bleue :
« Comment transmettre aux générations futures les valeurs maçonniques actuelles ? »
Pour transmettre notre idéal maçonnique, il nous faut exploiter la double voie qui s’offre aux Francs-maçons :
-         L’ouverture progressive de plus en plus grande de l’Ordre sur la cité.
-         La mise en pratique d’une culture de l’exemple qui fasse du Franc-maçon un modèle digne d’être suivi par des jeunes en quête d’idéal. 
Question verte :
«La pauvreté et ses conséquences sur le démocratie en Afrique »
 
 
 
 
 
7èmes
 
 
 
5-6-7-8 février 1999 Lomé (Togo)
 
 
Question unique :
« Comment assurer la création et le juste partage de la richesse de l’Afrique ? »
Il faut s’attacher pour cela à :
-         L’éducation de la population ;
-         L’instauration de la démocratie ;
-         L’information des citoyens ;
Il faut aussi que les Francs-maçons :
-         Basent leurs apports sur les problèmes réels ;
-         Aient le courage de dénoncer ce qui n’est pas en rapport avec notre éthique fondée sur la dignité, la transparence, le respect des institutions quel que soit le pays concerné.
 
 
 
 
8èmes
 
 
 
4-5 février 2000 Antananarivo (Madagascar)
 
Question unique :
« Traditions africaines et traditions maçonniques à l’orée du 3ème millénaire »
Résolutions :
-         Création de Commissions d’études du rituel avec obligation de résultats à moyen terme ou à long terme 
-         Encouragement à la création et à l’animation, par des Frères et sœurs engagés, de Commissions en vue de l’étude et de la mise en œuvre des divers projets arrêtés lors des assises antérieures ;
-         Dans le titre « REHFRAM », la lettre « H » doit renvoyer, non plus à « Humanitaires », mais plutôt à « Humanistes » pour éviter le risque d’équivoque.
 
 
9èmes
 
 
2-3 février 2001 Douala (Cameroun)
Question unique :
« Poursuivre au dehors l’œuvre commencée dans le Temple. Pourquoi ? et Comment ? »
-         Les actions profanes commencent à la sortie immédiate du Temple, au sein de nos familles, dans nos lieux de travail, partout où nous sommes : par l’éducation, l’exemplarité, l’harmonie dans nos foyers et le rayonnement social.
-         Les obédiences sont invitées à créer des associations écrans comme vecteurs de l’action dans la cité
-         Le rôle des fraternelles est controversé. Etre vigilant quant à leurs motivations afin qu’elles ne servent pas des intérêts particuliers.
-         Créer une fédération des Obédiences Africaines
-         Accorder aux loges la liberté d’explorer leurs domaines de préoccupation.  
10èmes
7-8-9-10 février2002 Cotonou (Bénin)
Question unique :
«Mes Sœurs et mes Frères me reconnaissent comme tel »
-         La Franc-maçonnerie doit s’ouvrir aux valeurs culturelles de ses membres. Pourquoi il n’y aurait-il pas un ‘’Rite Africain’’, un ‘’Rite Malgache’’ comme il y a un ‘’Rite Français’’, un ‘’Rite Ecossais’’ ?
-         Un mécanisme de suivi des décisions et recommandations entre deux rencontres doit être instauré.
 
II- FORCES ET FAIBLESSES DES REHFRAM

 

II-1- Bilan des trois objectifs de départ
 
Les REHFRAM ne peuvent être appréciées correctement qu’en rapport avec les trois objectifs qu’elles s’étaient fixés au départ et que nous avons rappelés au tout début. Que peut-on en dire, à la lumière des faits ?

 

a-      Du rassemblement
Incontestablement, les REHFRAM rassemblent aujourd’hui non plus simplement les Francs-maçons de l’Afrique de l’Ouest francophone, mais ceux de l’ensemble du continent. La participation est massive (en moyenne 300 Francs-maçons chaque année). L’on note la présence individuelle des Frères de la Franc-maçonnerie «régulière» et la représentation des Puissances Maçonniques du Nord.
Malheureusement, pour un certain nombre de raisons, la Franc-maçonnerie de l’Afrique non francophone n’est quasiment pas partie prenante.

 

b-      De la question des initiations africaines 
 
Le travail de sensibilisation semble se faire. Ce thème a fait l’objet de réflexions de plusieurs REHFRAM, en particulier celles de 1992, 1997 et 2000.
Mais, aucune suite concrète n’a jamais été donnée à ces approches très générales.

 

c-      Du sous-développement :
l’action du Franc-maçon contre les causes relatives aux valeurs morales ou aux mentalités
Des analyses intéressantes à l’occasion de plusieurs REHFRAM ont été faites (exemples : 1992, 1998, 1999).
Mais, il n’y a quasiment pas eu de propositions concrètes, pertinentes.
 
II-2- Observations générales
 
Ces 10 années des REHFRAM ont été des années de beaucoup de débats, de beaucoup d’analyses, de beaucoup de redites, mais en fin de compte, d’aucune action véritable.
 
Ce constat a déjà été fait dans le passé, notamment par les Frères camerounais, à Douala 2001 :
 
« Plusieurs réflexions ont été menées sur ces thèmes, des propositions ont été faites, mais aucune ne semble avoir résolu le problème des Francs-maçons africains et malgaches. Nous ne semblons pas progresser, nous continuons à nous poser les mêmes questions et à avancer inlassablement les mêmes arguments, les mêmes critiques ».
 
Pas même le mécanisme de suivi des et recommandations entre deux Rencontres n’a pu être mis en place.  
Le Frère Francis AKINDES, dans un morceau d’architecture présenté en avril 2002 à l’Orient d’Abidjan, s’est interrogé de façon plus globale sur l’action des Francs-maçons africains pour faire le constat suivant :
« Sur le chantier du progrès, il semble que l’inconscient collectif des Maçons africains souffre de l’écart entre un vœu pieux et les passifs de la comptabilité réelle de l’illustration des Maçons africains dans l’histoire politique récente de l’Afrique (…). A l’actif, presque pas de traces indélébiles autres que le fait d’exister et le mérite d’être toléré par les gouvernants ».
Pour revenir plus précisément aux REHFRAM, le Frère Marius ADIOVI de L’Orient de Cotonou, dans un texte-bilan, parle du « folklore des Rencontres stériles ». il paraît établi que les paroles des REHFRAM ne se sont jusqu’ici traduites en actes. Ne devrions-nous pas aujourd’hui, aller au-delà de ce constat sur lequel l’accord semble se faire assez facilement pour rechercher l’explication, le pourquoi ?
Rassemblement ? Oui, mais pour quel travail effectif, dynamisant ?
Initiations africaines ? Oui, mais est-ce le manque de symbolisme et de ritualisme africains qui explique la frilosité des Francs-maçons africains et malgaches dans leur rapport effectif au monde ?
Réflexion maçonnique sur les causes morales du sous-développement ? Oui, mais est-ce le manque d’une telle réflexion qui explique la quasi-inexistence des interventions crédibles des Francs-maçons africains et malgaches dans la lutte contre le sous-développement ? Aux REHFRAM de Cotonou 1997, les Maçons ont été invités à :
« Intégrer les hautes sphères des secteurs stratégiques de la vie sociale, des institutions financières internationales, ….pour y influencer les orientations et les décisions ».
Oui, mais peuvent-ils exercer cette influence s’ils n’en ont pas une REELLE VOLONTE (autant qu’une claire vision) ?
 
III-PERSPECTIVES

 

LES REHFRAM constituent un cadre de concertation et de partage pour les Francs-maçons africains et malgaches qu’il faut préserver. Peut-être serait-il plus indiqué, comme l’a suggéré le Frère Marius ADJOVI (en 2002), de les organiser tous les deux ou trois ans et non tous les ans.
 Mais il paraît nécessaire de repenser leur problématique générale et de formaliser le rôle de la Conférence des Puissances Maçonniques Africaines et Malgaches (CPMAM).
Vu l’état réel de la Maçonnerie en Afrique et à Madagascar, en particulier le divorce flagrant entre les paroles et actes, les REHFRAM devraient servir d’abord à aider les Francs-maçons africains et malgaches à vivre leur engagement.
Le Frère Francis AKINDES que nous avons cité plus haut, pose en des termes très limpides ce problème d’engagement qui est la base de la vie du Franc-maçon :
« Vivre maçonnique revient à prendre des risques dans la société africaine. Face à ces risques, les maçons ont à leur portée trois réactions possibles :
La triple attitude de repli sur soi, avec quelques élans se fraternité en cercles concentriques sans une autre forme d’engagement individuel vis-à-vis de la société. Auquel cas, c’est un vécu maçonnique partiel ;
L’intellectualisation de la maçonnerie avec un goût prononcé pour le symbolisme et le ritualisme, sans aucune incidence pour le changement social ;
Affronter la société par l’exemple, les paroles et l’écrit et supporter le coût psychologique et social élevé (exclusion, marginalisation) de la prise de risque liée à cet engagement. Parfois la mort peut au bout de cette prise de risque, si le positionnement entre l’équerre et le compas touche des intérêts constitués ».
 
F. AKINDES ajoute :
« Face à l’alternative, vivre maçonniquement ou vivre en conformité avec les valeurs même déviantes ambiantes du monde profane, nombre de maçons préfèreraient utiliser le compas en faisant le choix du second terme ; d’autant que celui-ci implique moins de tension psychologique et sociale. De plus, il engendre un bénéfice social immédiat, malgré les tâches indélébiles sur les gants blancs. Il est donc faux de mettre les comportements antimaçonniques au compte d’un déficit de formation, puisque les faits décriés correspondent bien à un choix explicite » (souligné par nous).
En règle générale, le déficit de formation explique les erreurs et non l’immobilisme.
Il nous faut poser les vraies questions pour espérer apporter de vraies réponses

 

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De ce qui précède, nous tirons la conclusion suivante : il paraît nécessaire de redéfinir l’objectif central des REHFRAM et les moyens de le concrétiser.

 

-         Objectif central pour les années à venir
Aider les Francs-maçons africains et malgaches à vivre de façon effective leur engagement. Tous les thèmes à retenir pour les prochaines années devraient cadrer avec cet objectif central.
Les REHFRAM devraient, par ailleurs, servir à renforcer les liens entre les obédiences ‘’régulières’’ et les obédiences ‘’libérales’’ d’Afrique et de Madagascar. Ces liens pourraient, à moyen ou long terme, aboutir à une réduction du nombre d’obédience en Afrique et à Madagascar : plusieurs rites différents peuvent coexister dans une même obédience.
 
-         Moyens organisationnels d’atteindre cet objectif

 

a-      Etablissement d’un siège permanent.
b-     Renforcement du rôle de Veilleur de la conférence des Puissances Maçonniques Africaines et Malgaches (CPMAM).
c-      Création d’une Coordination Permanente des REHFRAM. Elle serait constituée de 2 ou 3 membres et, agissant sous le contrôle de la CPMAM, auront trois missions principales :
Ø      Organiser les REHFRAM périodiquement, tous les deux ou trois ans, en étroite liaison avec la CPMAM et l’Orient d’accueil ;
Ø      Veiller et suivre l’application des décisions des REHFRAM ;
Ø      Organiser la pénétration de l’influence maçonnique dans les institutions officielles du continent.
d-     Constitution, au niveau de chaque sous-région, d’une Délégation Permanente des REHFRAM, à l’image de la Coordination Permanente.
e-      Constitution, au niveau chaque pays, d’une Fraternelle des obédiences nationales chargée notamment de remplir des missions de coordination.
f-       Constitution, à chaque niveau (CPMAM, REHFRAM, sous-région, pays, obédience) de mécanismes efficace d’évaluation et de rectification de l’action. La langue de bois (qui n’est pas à confondre avec le silence formateur d’Apprenti) et le refus d’écoute sont des poisons pour la Maçonnerie Africaine te Malgache
 
N.B. : Le calendrier des travaux de Brazzaville doit prévoir l’examen de ces propositions et la mise en place IMMEDIATE  des organes qui auront été retenus.

 Bulletin  n° 138 - 2003

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