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9°  REHFRAM

 

Douala  février 2001

 

 

 

Afrique maçonnique

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Lomé
2000
Tananarive
2001
Douala
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Cotonou
2003
Brazzaville
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L'intérêt que chacun de nous porte à l'évolution de la franc-maçonnerie dans le monde est une constante du Suprême Conseil.
Intérêt que nous nous plaisons, tous, à partager grâce à cette rubrique créée spécialement à cet effet : "Un regard sur le monde".
Nous avons cette fois l'occasion, dans un premier temps, de partir à la rencontre des Frères des États-Unis
et, ensuite, de retrouver ceux d'Afrique au travers de leur propre synthèse aux IXes REHFRAM de Douala en février 2001.
O   "Invitation au voyage dans l'Histoire récente de l'Afrique, par les images de l'INA" - Répertoire numérisé
Georges 0do
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POURSUIVRE AU DEHORS L'ŒUVRE
COMMENCÉE DANS LE TEMPLE.
POURQUOI  ET  COMMENT ?
   
 
   
Réguliers désormais à ce grand rendez-vous annuel, nous nous retrouvons aujourd'hui pour échanger et débattre sur un thème qui nous interpelle et nous préoccupe.
 
Portant un regard rétrospectif sur l'ensemble des thèmes abordés au fil des rencontres, nous constatons qu'au-delà des différentes formulations, tous les sujets tournent autour des deux questions:

- Quel est l'apport de l'Afrique à la franc-maçonnerie universelle?
- Quelles solutions la franc-maçonnerie et les francs-maçons africains peuvent-ils apporter aux multiples problèmes qui écrasent l'Afrique?

Certains d'entre nous estiment que nous restons figés sur les mêmes débats, sans trouver d'issue, comme si le simple fait de débattre nous donnait bonne conscience.
 
Il faut reconnaître qu'il s'agit d'une préoccupation réelle, qui ne se limite pas à un forum international, mais qui revient régulièrement dans les débats dans nos Loges, dans maintes conversations plus ou moins passionnées.
 
Plusieurs réflexions ont été menées sur ces thèmes; des propositions ont été faites, mais aucune ne semble avoir résolu le problème des francs-maçons africains et malgaches. Nous semblons ne pas progresser; nous continuons à nous poser les mêmes questions et à avancer inlassablement les mêmes arguments, les mêmes critiques.

Le thème de réflexion de cette année semble ne pas échapper à cette appréciation: "Poursuivre au dehors l'œuvre commencée dans le Temple. Pourquoi et comment ?"
 
Nous avons reçu un grand nombre de planches: elles traitent brillamment le sujet ainsi que la quintessence de la démarche maçonnique; elles donnent d'excellents arguments en faveur d'un ferme engagement dans la cité et, avec beaucoup de hargne, elles montrent les erreurs des autres qui nous ont conduits dans cette impasse.
Nous avons reçu, reconnaissons-le, suffisamment de matières pour vous présenter, avec éloquence, une brillante planche de synthèse, qui assurément séduirait l'assistance. Mais soucieux de ne pas sombrer dans de beaux discours, qui en fin de compte nous égareraient, nous nous somme~ affranchis (libérés) de la tentation de belles formulations pour nous en" tenir à l'essentiel.
 
"Poursuivre au dehors l'œuvre commencée dans le Temple. Pourquoi et comment ?"

Pourquoi cette question se pose-t-elle
? Quelle réponse pouvons-nous y apporter?
 
Présent dans tous les rituels maçonniques, ce passage est à la fois ce qui rassemble et nous divise. Aussi nous sommes-nous appliqués à faire ressortir de l'ensemble des contributions d'une part les réponses convergentes et d'autre part les positions controversées, ce qui nous a permis de dresser un constat. Ensuite, forts de nos expériences, nous espérons pouvoir poser les jalons des actions à venir ou trouver ici l'occasion de consolider nos acquis.

LES POINTS DE CONVERGENCE

S'il est un point sur lequel nous sommes tous d'accord, c'est bien l'importance de la démarche maçonnique, l'utilité des outils qu'elle met à notre disposition.

Bien que nous soulevions souvent la question de l'universalité de la franc-maçonnerie par rapport à un cadre référentiel typiquement africain, nous reconnaissons unanimement que la franc-maçonnerie par son caractère adogmatique, non exclusif, donne à tout africain un cadre de travail et de référence qui s'harmonise avec d'autres formes de croyance, lui laissant ainsi une totale liberté de conscience et d'identification.

Le consensus est également atteint sur le devoir du franc-maçon de se projeter à l'extérieur. Le travail de perfectionnement du franc-maçon peut se limiter à l'espace sacré qu'est le Temple, protégé des agressions du monde extérieur. Mais le rituel lui-même nous invite à passer du symbolique au concret.

Nos réflexions et nos débats dans le Temple doivent s'ancrer dans les réalités du monde.

Nous acceptons également notre qualité de Maçon comme une réalité que nous devons en p
ermanence porter en nous, à l'intérieur comme hors du Temple, et que nous avons à mettre en harmonie nos discours, nos actes et les vertus dont nous nous réclamons.
 
Plongés quotidiennement au cœur de la cité, nous reconnaissons tous que nous sommes acteurs d'une façon ou d'une autre. A l'opposé de ces points de convergence qui recueillent l'approbation de la quasi-totalité des Maçons, certaines positions restent très controversées.

LES POSITIONS CONTROVERSÉES .'

Plusieurs d'entre nous se laissent gagné par le découragement, par un sentiment d'impuissance face à un océan de misère qu'ils ne peuvent soulager. Ils mettent ainsi l'emphase sur un sentiment d'inefficacité.

Certains s'interrogent même sur le bien-fondé d'une démarche philosophique lorsque les problèmes sont si criards à la porte de nos Temples. Cependantt d'autres pensent que nous ne devons pas laisser les préoccupations matérielles profanes envahir nos Temples.

De fortes oppositions s'élèvent quant aux modes opératoires.
 
Les uns pensent que l'action individuelle est le vecteur essentiel de notre implication dans la cité, alors que d'autres estiment que seules des actions collectives concertées, bien menées, peuvent déboucher sur des résultats probants.

Le problème de l'extériorisation et de la prise de position publique est un autre point de divergence.

Certains d'entre-nous estiment que la franc-maçonnerie africaine ne peut se soustraire, sous prétexte d'un devoir de discrétion. Elle devrait exprimer sa position face aux grands débats qui se tiennent sur le continent et dans le monde, s'élever fermement contre toute violation des va- leurs qu'elle prône.

A l'opposé sont ceux qui défendent le devoir de réserve; pour eux, il faudrait prendre l'exacte mesure des forces et faiblesses de nos Loges et de nos obédiences dont l'assise ne permet pas toujours de mener un combat de front.

Au-delà de la prise en compte de ces opinions concordantes et divergentes, nous nous sommes efforcés d'amorcer un état des lieux.

ÉTAT DES LIEUX

Quelles actions menons-nous déjà hors du Temple? L'assemblée ici présente est une illustration des actions que nous menons déjà hors de nos Temples.
 
Nées il Y a dix ans de la réflexion de quelques Frères, les REHFRAM sont devenues une institution, un puissant levier de fraternité. A l'origine, rencontre entre trois Frères, elles rassemblent maintenant plusieurs centaines de Frères et de Sœurs bien au-delà des limites du continent. L'importance qu'elles ont actuellement dans l'esprit des Maçons, africains et malgaches, justifie les critiques qu'elles cristallisent, les multiples exigences et les déceptions quant au rôle qu'elles n'ont pas joué. .
 
Mais force est de constater que cette initiative a eu, en plusieurs d'entre nous, une forte résonance; elle nous donne l'occasion d'exercer au-delà des limites de nos obédiences et de nos orients, notre élan de fraternité.

Sans citer les appellations des différentes initiatives
- le but n'étant pas dans l'immédiat de vous les "vendre" - nous pouvons vous donner quelques exemples d'actions dans la cité menées par des Maçons africains et malgaches. Soit pour soulager les problèmes du moment, soit pour pallier les défaillances des systèmes sociaux, soit encore pour mener hors du Temple des réflexions permettant d'aider à l'amélioration des conditions de vie ou l'instauration des valeurs républicaines dans la cité: - Un orphelinat pour accueillir des enfants sans parents ou simplement abandonnés.

- Un regroupement de Maçons soucieux de mettre en application les valeurs dont ils se réclament, par des échanges entre les peuples, par une culture de l'excellence à travers l'éducation des enfants.

- Des collectes et distributions de biens divers (vivres, médicaments, vêtements, fonds, etc.) aux populations sinistrées.
 
- Des cercles de. réflexion pour rechercher des solutions à certains problèmes concrets qui se posent à nos pays.
 
- Des rencontres pour débattre des problèmes de sociétés brûlants que sont les affrontements entre tribus, l'exclusion, la corruption, l'oppression des femmes, le Sida, etc.
 
- Des tentatives individuelles ou en groupe de réconciliation ou d'arbitrage entre forces opposées dans la cité.
 
Quel est le bilan de ces différentes initiatives?
 
Force est de constater que les résultats sont pour la plupart décevants, bien en deçà des objectifs exprimés et des attentes suscitées. En franc-maçonnerie plutôt que de chercher des justifications ailleurs, remettons-nous en question. Au terme d'un examen de conscience sans complaisance, nous voyons que nous portons en nous les raisons de nos échecs.

Plus prompts à la critique et à la démolition qu'à la construction, nos discours sont sans proportion avec nos actes. Manquant de tolérance et d'humilité, nous ne savons pas saluer les efforts des autres, même s'ils n'ont pas atteint la perfection. Par crainte de l'échec ou de la critique, nous sombrons dans l'inertie, continuant à rêver de cette action spectaculaire qui nous, mènera directement au succès et à la gloire.

Par peur des conséquences, accrochés à nos petits conforts matériels, nous n'osons pas nous engager. Craignant d'être combattus si' nous ramons à contre-courant, nous choisissons de suivre, sans conviction, le mouvement général. Nous ne faisons pas ici référence aux actes héroïques.

Combien de fois avons-nous ravalé nos propres convictions pour ne pas compromettre notre situation dans la cité ? Nos ambitions effrénées nous poussent à rechercher en toute action, un intérêt personnel. Nous espérons une auréole même dans nos prétendus élans d'altruisme. Ceux de nos Frères qui pourraient servir de puissants leviers à nos actions sont tenus à l'écart, pour ne pas leur donner un succès supplémentaire. Corrompus dans nos esprits, nous cherchons toujours en l'Autre des motivations malsaines inavouées, qui justifieraient notre refus d'adhésion ou notre élan de destruction. Passant outre la notion d'universalité que nous prônons, nous développons des comportements d'exclusion. Tel Frère n'étant pas de notre Atelier ou de notre obédience n'est donc pas admis dans notre groupe d'action.

Imbus de notre qualité de francs-maçons, nous ne faisons pas l'effort de reconnaître, et éventuellement d'associer à nos actions, les profanes qui le mériteraient.
Alors que nos planches glorifient le travail, nos actes sont dominés par la paresse. Incapables de soutenir un effort constat, nous nous contentons d'implications sporadiques.

A l'image de la société que nous critiquons, nous n'avons pas de perspective ou de buts à long terme; nous nous contentons de petites incursions qui nous donnent bonne conscience sur l'instant.

Pollués par les travers du monde profane, que pourtant nous dé
crions, nous nous sommes souvent avérés velléitaires. Nous semblons avoir oublié que le chemin vers la perfection est fait d'écueils. Ce n'est qu'en travaillant, certes en se trompant mais surtout en tirant des leçons de nos erreurs, que nous progressons. Il convient donc de combler nos lacunes tant à l'intérieur du Temple qu'à l'extérieur. Ayant pris l'exacte dimension de notre pavé mosaïque, conscients de nos forces et de nos faiblesses, énumérons quelques propositions d'action afin que nul ne puisse justifier de son inertie par carence d'information ou d'idées: ..

- Des moyens de rencontres entre les populations, en particulier les jeunes, pour transmettre des valeurs communes et poser les jalons de l'intégration régionale:
 
- Des réseaux de communication, pour favoriser la synergie et la coopération dans la recherche (pharmacopée, médecine, etc.) et la lutte contre les grandes pandémies.
 
- Des programmes éducatifs pour promouvoir l'éthique et les valeurs républicaines.
 
- Des conseils de médiation et des séminaires de formation à la résolution des conflits. Cette liste ne représente que quelques exemples tirés d'un grand nombre de propositions faites dans les planches que nous avons reçues. Cependant, plusieurs d'entre nous ont déjà entrepris des actions dans la cité.

Nous voulons saisir l'occasion que nous offre cette Rencontre pour les inviter à partager avec l'assemblée leurs expériences, faire part de leurs réussites et de .leurs échecs, des leçons qu'ils en ont tirées.

Ce lieu d'échange et de partage crée également l'opportunité, pour ceux qui le désirent, de recueillir des adhésions, de demander le soutien ou l'assistance qui leur font encore défaut.

Mais avant d'ouvrir le débat, permettez-nous simplement de rappeler l'éthique maçonnique, cadre de référence de toutes nos actions hors du Temple.
 
L'œuvre maçonnique commence par le travail individuel de chaque maillon, dont toutes les pensées et tous les actes doivent être éclairés en permanence par les trois piliers que sont la Sagesse, la Force et la Beauté.

La Sagesse dans laquelle le Maçon puise l'intelligence et le discernement pour mener sa réflexion, poser ses choix, se connaître, com
prendre l'homme et l'univers, accéder à la connaissance universelle.
 
La Force de persévérer dans la voie qu'il a librement choisie, de ne pas succomber aux tentations, de surmonter les écueils et de puiser l'énergie de mener à terme sa démarche.
 
La Beauté qui lui impose en toute chose de rechercher l'harmonie par la tempérance, l'ordre et la discipline.
 
Sans dogme, la franc-maçonnerie laisse à chacun sa totale liberté d'opinion et de conscience, l'entière responsabilité quant aux choix qu'il il opère ou aux actes qu'il pose; la finalité étant que la paix règne sur terre, que l'amour règne parmi les hommes et que la joie soit dans les cœurs.
 
La franc-maçonnerie admet que les chemins sont multiples pour atteindre le même but et se fonde sur le principe de l'existence de valeurs  universelles, ciment d'une tradition qui transcende les limites du temps et de l'espace, s'enrichit au fil des âges et qui seul conduit à la Connaissance.

Ne nous laissons donc pas aller aux passions du monde profane, évitons d'instituer des dogmes au moment de porter au dehors, l'œuvre commencée dans le Temple.

 

 Bulletin  n° 135 - 2001


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