Sujet délicat, tabou pour certain, secret pour d’autre, la Franc-Maçonnerie tend à se dévoiler de plus en plus de nos jours.

Restée cachée par le passé, les grands maîtres (sans trop en dévoiler non plus) se montrent à la télévision, font des conférences, parlent à la radio …

Mais qu’est-ce que c’est que la Franc-Maçonnerie ?

C’est une forme d’organisation associative qui recrute ses membres par cooptation (c'est-à-dire que les membres décident de l’admission d’un nouveau membre ou non) et pratique des rituels faisant référence à un secret maçonnique et à l’art de bâtir.

Le secret maçonnique : Le thème est l’un des éléments essentiels de l’initiation maçonnique. S’il existait très probablement, à l’époque des corporations de maçons, des secrets de métiers que les professionnels s’attachaient à conserver, la franc-maçonnerie devenue philosophique à toujours été exigé de ses membres un engagement de garder secret ses : signes, mots et poignées de mains ("signs", "words" and "grips"). Les francs-maçons ont toujours continué à les respecter et à s’interdire de les communiquer en dehors de leurs loges.

En faite, elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme « une association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de moral illustré par ses symbole » ou comme un « ordre initiatique ». Organisée en obédience. Elle prodigue un enseignement ésotérique, adogmatique et progressif à l’aide de symboles et de rituels. 1968 : Naissance de la Franc-Maçonnerie Calédonienne à nos jours et son rôle dans notre pays…

Les pionniers de la franc-maçonnerie calédonienne : "l’Union Calédonienne"

au nombre de 9, tous maîtres, décident de créer un atelier à Nouméa. Nous y trouverons Austin, Coudelou, Chevalier, Douzans, Hauguel, Higginson, Martin, Richard et Ch. Simon. Tous d’horizons différents. Si la plupart des membres fondateurs sont français, on peut noter la présence d’un allemand (Austin) et d’un anglais (le fameux Higginson qui luttera toute sa vie pour la prépondérance française dans cette partie du monde).

Cette diversité tant géographique que sociale sera le maître mot de "l’Union Calédonienne" pendant les dix premières années de son existence. Illustrant en quelques sorte le peuplement de cette toute jeune colonie française. C’est le 22 septembre 1868 que les 9 maçons se réunissent dans un lieu profane. "L’Union Calédonienne" vient de naître, son histoire ne sera q’une suite de difficultés, de divisions internes, de tracasseries administratives. Elle reçoit, le 10 octobre 1868 l’autorisation bienveillant du contre amiral Guillain. La devise du gouverneur qui trouva un écho favorable chez les francs-maçons : Civiliser, produire, réhabilité ! Ces derniers mettront un arsenal au point pour lutter contre les maristes installés sur le territoire.

C’est le 12 mai 1869 que le Grand Orient de France autorise les 9 frères auxquels se joint le frère Puech, se réunissent pour entendre la lecture à la constitution de la loge. Et en septembre 8 de la même année que Ch. Simon, Hauguel et Coudelou « commissaires délégués par le Grand Orient de France installent une loge régulière.

"L’union Calédonienne" est donc officiellement reconnue de tous : par les autorités maçonniques, par l’administration de la colonie et surtout par les maristes qui voient là se profiler de sérieux concurrents.

9 en 1868 pour créer la loge, ils sont 53 dix ans plus tard.

L’atelier : Deux ans après sa création, le temple est en construction et le Vénérable, Simon, déclare « qu’on ne pouvait pas mieux inaugurer le local maçonnique.

Dans une lettre datée du 25 août 1887, le Vénérable, le frère Surleau, présente la situation matérielle de l’atelier. (« La maison du diable » comme disait les bonnes sœurs) est située à l’Est_nord-est de Nouméa et sur une hauteur dominant la ville et la rade. Vide de toute habitations à 200 m et 300 m dans toutes les directions. Le temple sur une superficie de 50 ares est la propriété de l’Union Calédonienne. C’est cette même année, qu’elle recevra sa bannière. Chaque loge à une bannière comportant son titre distinctif, l’indication de l’obédience et la date de création. Elle est le signe de la sauvegarde : Le maçon se place sour sa protection en l’élevant au dessus de sa tête. Celle de l’Union Calédonienne est bleue azur.

L’une des causes d’une des fermetures de la loge calédonienne :

Les déportés communards arrivent en Nouvelle-Calédonie. Ils quitteront le territoire sans regrets en 1880 non sans laisser quelques « vagues » ! en effet, les maçons communards avaient pris la Nouvelle-Calédonie comme châtiment. Franc-Maçonnerie en terre Kanak dresse la liste de ces maçons déportés qui allaient poser des problèmes à leurs frères calédoniens. Parmi eux se trouvaient Rochefort, Ballières, Grousset et Jourde dont l’évasion allait ébranler la colonie.

Lorsque ces francs-maçons arrivent parmi les déportés, l’Union Calédonienne » ne sait qu’elle attitude adopter. Quand Rochefort s’évade en mars 1874, quatre mois à peine après avoir débarqué de la « Virginie », en compagnie de 3 autres maçons, les ennemis de la loge s’emparent rapidement de l’évènement qui selon certains « fit rire par son audace ». Accusée d’avoir participé à cette évasion, la loge essaie de clamer son innocence en vain.

L’enquête de l’amiral Ribourt aboutit au renvoie du Vénérable et du secrétaire de la loe ainsi qu’au rappel en France du gouverneur de la Richerie en poste depuis le 26 août 1870. Un arrêté du 8 janvier 1875 expulsait de la colonie les frère Puech, Sohon et Blaise ainsi que les profanes Dussert et Cassan. Ce n’est que 5 mois après le départ de l’amiral Ribourt que le gouverneur par intérim Alleyron signe un arrêté fermant la loge qui travaillait sous la direction du frère Puech, Premier Surveillant en 1875.

On peut se demander pourquoi la loge fut fermée car aucune preuve ne viendra appuyer la thèse d’une complicité de l’Union Calédonienne dans l’évasion de Rochefort.

Avec l’arrivée du nouveau gouverneur (le vice-amiral Olry, l’Union Calédonienne peut annoncer la reprise de ses travaux autorisé en date du 18 mai et promulgué le 23 mai 1878. Après trois longues années de silence, la première tenue à lieu le 24 mai.

Malgré le laisser pour compte de l’Orient de France et l’ennuie de ses membres calédoniens, l’Orient de Nouméa parvient à tenir un rôle tant politique que social grâce aux quelques maçons fidèles.

Le 14 octobre 1890, « désireux de propager la connaissances des Chevaliers de la Rose-Croix pour le plus grand bien de notre institution et le perfectionnement de ses adeptes », huit Chevaliers Rose-Croix de l’Union Calédonienne demandent de former le Chapitre des « Elus de l’Union Calédonienne », ce qui est accepté quinze jours plus tard par 7 voix contre 2 et 4 abstentions.

Arrivés 25 années après les missionnaires, les francs-maçons sont confrontés à leur main mise tant spirituelle que matérielle sur la colonie. Pourtant malgré sa défaite en 1875, l’Union Calédonienne » dont les membres, même les plus jeunes, n’oublieront jamais cet évènement, se révèle avec force dans les années 1880. Les difficultés qu’elle rencontre sont dues avant tout à son éloignement de la métropole. La correspondance qu’elle entretient avec le Grand Orient de France, les réclamations qu’elle adresse aux gouvernements successifs restent souvent lettres mortes : La France laisse progressivement la Nouvelle-Calédonie aux mains de la Pénitentiaire. Isolée, lointaine, la Nouvelle-Calédonie vit repliée sur elle-même au rythme des convois de transportés et l’Union Calédonienne tente par tous les moyens d’instaurer les principes de la Franc-Maçonnerie dans une colonie ou seuls les intérêts de quelques uns sont protégés. L’arrivée du gouverneur Feuillet donnera la chance au maçon calédonien et se battra à leur côtés.

S’il y a beaucoup de mouvement parmi les membres de l’atelier, les officiers à la tête de la loge montre une grande stabilité par contre. Par exemple de 1904 à 1913, deux Vénérables se sont succédés : Porcheron, de 1904 à 1908 et Lèques tout au long de la guerre. Initiés tous les deux Rose-Croix en 1893, ils dont partie de la loge depuis 1881 pour Lèques et 1888 pour Porcheron.

Dans les travaux que la loge demande à effectuer, trois sont mis en avant :

L’enseignement, Les relations avec l’église, Les questions coloniales.

L’organisation de l’enseignement est un sujet qui revient fréquemment dans les correspondances avec l’atelier. Mais il semble que cette question soit encore plus présente dans ces années d’anticléricalisme virulent. La principale revendication de l’Union Calédonienne, rejoignant celle du Grand Orient, est bien sûr la complète laïcisation de l’enseignement. L’Union Calédonienne ne se contente pas de réclamer un monopole qui ne sera jamais accepté, elle se préoccupe de l’éducation du premier et du second degré. Pour cela, le 6 août 1906, L’U.C. (pour Union Calédonienne) s’adressant au ministre des colonies, émet le vœu que les jeunes calédonien puisse passer leur baccalauréat en Nouvelle-Calédonie avec comme motifs : gain d’argent et pas de dépaysement. Que l’accès au degré supérieur ne soit accordé qu’au mérite, que l’enseignement devienne gratuit à tous les degrés pour les plus démunie

A savoir aussi, que l’enseignement étant étroitement lié avec l’église, il avait été demandé sa séparation d’avec l’Etat (ceci a été voté en 1901 précédé en 1898 par la suppression du budget des cultes dans la colonie, décision dictée probablement par le scandale qui avait accompagné l’attribution de 15 000 Frs (d’époque) de subventions pour la construction de la cathédrale.

Le dernier sujet abordé concerne les questions coloniales. L’U.C. émet plusieurs vœux pour réformer l’administration coloniale en demandant la suppression de l’inamovibilité de la magistrature, la « création de caisse locales de retraite pour les fonctionnaires coloniaux des cadres locaux» et la réforme du statut des fonctionnaires par le parlement.

L’arrivée d’un autre gouverneur , le gouverneur Richard, mènera l’U.C. à l’isolement. Ce premier faisant régner une « terreur blanche » à l’encontre des maçons que l’on essaie de déshonorer en les accusant de malversations et de corruption électorale faisant l’objet de surveillance continuelle de la police.

Pour cela, l’U.C. ne cesse de réclamer le rappel de Richard, mais le ministère comme le conseil de l’Ordre ne feront rien pour nommer un gouverneur républicain selon le vœu de la loge.

Le Républicain qui remplaça la Caledonie (journaux d'époque)

Le cimetière des déportés de l’Île des Pins :

Le 13 juin 1919, le frère Jeanson prononce un discours pour son élection comme Vénérable de la loge. Remerciant l’ancien Vénérable, le frère Lèques, de ses efforts et de son dévouement qui ont permis à la loge de continuer à travailler pendant la guerre, le nouveau Vénérable demande à ce que ses frères se mobilisent pour que le souvenir de leurs « anciens » se perpétue. Les 3 425 déportés qui ont vécus à l’Île des Pins de 1972 à 1880 ont, par leur présence, affermi une certaine tradition républicaine dans une partie de la population. Il s’attarde sur l’échec de l’évasion de ce Rascoul, médecin autorisé à pratiquer à Nouméa et qui fut envoyé à l’Île des Pins après l’évasion de Rochefort et estime qu’il faut « réparer l’ingratitude » qui a, jusqu’ici caractérisé l’attitude des calédoniens vis-à-vis de ces « quelques centaines d’obscurs martyrs de la liberté ». L’idée de Jeanson est de remettre en état les tombe, de débrousser le terrain alentour, de restaurer la pyramide que les déportés avaient élevée à la mémoire de Rascoul et de ses 17 compagnons et enfin de faire graver une plaque pour la défende se la liberté « mort à l’Île des Pins. L’engagement d’un gardien chargé de surveiller le cimetière.

L’U.C. tentera par deux fois de faire accepter ce vœu, mais en vain. Ce qui accentue l’amertume de la loge dans d’autres initiatives.

L’ »Union Calédonienne », en participant à la vie calédonienne voulait faire de cette colonie la concrétisation des principes républicains, c’est pourquoi elle est devenue, par certaines de ses actions, une influence non négligeable. Malgré des efforts pour développer un courant migratoire vers la Nouvelle-Calédonie, celle-ci n’a jamais bénéficié de grands apports de population. Trop éloignée de la métropole, elle ne possède pas les atouts nécessaires pour attirer des français qui s’expatrient difficilement, surtout vers une île où faire fortune n’est pas chose facile et où certains, déjà en place sont réfractaires à toute nouvelle implantation.