Us et coutumes gabonais



 


 

 

photos: www.nianto.ga
Une petite fille mordue par le « redoutable » Moukoukwè !

 
 

   Agée de 7 ans, Mireille (culotte blanche sur photo) est fascinée par la danse du Moukoukwè ou Okouyi, danse initiatique truffée de tabous...
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Notre fillette est fascinée par cette danse pourtant proscrite aux femmes, marquée du sceau « spéciale » par les sages, au risque semble-t-il, entre autres, de causer la stérilité féminine. Peu importe, qu’est-ce qu’elle en sait d’ailleurs? Mireille, elle, ne rate jamais une occasion d’assister à cette danse, aux dires mêmes de ses parents et aînés.
 
Pour elle, « c’est amusant et quand je le regarde danser je me sens bien » a-t-elle laissé entendre timidement.
 
En effet, à chaque occasion, Mireille, n’hésite pas à s’afficher au même titre que les initiés, avec des baguettes de « bambous de chine » en mains, tout en reprenant en chœur les différents chants entonnés par les principaux acteurs du rite.
 
Cependant, des sages racontent qu’à l’origine, le Moukoukwè ou Okouyi était une danse réservée aux femmes et le Djémbè aux hommes jusqu’à ce que l’évolution du temps renverse les tendances, ainsi les hommes se sont immiscés dans la danse des femmes et vis versa. Mais c’est une autre histoire.
 
Existant depuis des millénaires, l’Okouyi est à l’origine le nom d’un esprit danseur, lequel a donné son nom au masque, qui lui est porteur d’un message de l’esprit de la forêt aux hommes, arrivant au village au pas de la danse qui porte son nom.  
 
Il requiert une initiation particulière dont seuls les adeptes sont habilités à en parler. Raison pour laquelle, le gros de la cérémonie se fait soit en brousse, soit dans une cabane construite pour la circonstance appelée « le Kosso ». Il symbolise le passage de l’adolescence à l’âge adulte en donnant aux jeunes initiés  une éducation « d’homme », car se sont les futurs héritiers responsables de demain.
 
L’Okouyi est recouvert de raphia coiffé d’un masque en bois multicolore et représentant généralement le visage d’un homme, selon la région. Les danseurs étaient en réalité des esprits qui se cachaient sous le masque.
 
Les couleurs ne sont jamais fortuites sur un masque, en effet, le rouge représente, le sang, le feu, le soleil, la chaleur, la fécondité, le blanc représentant le passage de la mort à la naissance (c’est la mutation d’un être et c’est le lien avec les ancêtres), le noir quant à lui symbolise la mort c’est la négativité dans tout son sens, la sorcellerie et l’antisocial.
 
L’Okouyi ne se dansait qu’à des occasions spéciales notamment lors des grandes cérémonies, retrait de deuil, soins traditionnels d’un patient voire initiation d’un nouvel adepte. Au fil des temps, la pratique s’est vulgarisée, modernisée et la danse s’exécute désormais en tous lieux, par tous, et en toutes circonstances, sans que cela ne puisse choquer.
 
Ainsi,  ce rite présent dans toutes les régions du Gabon et exécuté par toutes les ethnies du pays, diffère dans l’exécution et les appellations, selon les régions,  mais le fond reste le même.
 
 
Douglas Ntoutoume
 

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