http://choisyc.over-blog.com/article-17906726.html

Histoire Générale de la Franc-Maçonnerie

en Martinique

 

Le 18ème siècle

 

Le 24 Juin 1717 à la Saint-Jean d'Été, 4 Loges de Londres se réunissent et constituent la première Grande Loge du monde, La Grande Loge de Londres ou Grande Loge d'Angleterre.

Toute la maçonnerie du globe provient de cette Grande Loge, c'est la mère de la maçonnerie universelle dont nous sommes aujourd'hui les dépositaires.

En 1751 se crée, face de cette 1ère Grande Loge une organisation rivale qui prend le nom de « Grande Loge des Anciens maçons d'Angleterre ».

En 1813 ces 2 organisations fusionnent et donnent naissance à la Grande Loge Unie d'Angleterre, omniprésente dans tout le bassin de la Caraïbe.

En France la maçonnerie prend pied à partir des années 1726. Composée d'abord d'anglais, les Français ne tardent pas à y être reçus et deviennent rapidement majoritaires.

Le 24 Juin 1738, les Loges du Royaume se rassemblent et nomment le Duc D'Antin 1er  Grand Maître Général et Perpétuel des maçons dans le Royaume de France.

En 1773 est créé le Grand Orient de France

En 1893 est créé le Droit Humain

En 1894 est créée la Grande Loge de France

En 1913 est créée la Grande Loge Nationale Française

Si je vous ai présenté au préalable ce mini-résumé de l'histoire de la maçonnerie Anglaise et Française, c'est que la Martinique a été essentiellement colonisée par ces 2 peuples européens et que l'histoire maçonnique d'une colonie est toujours liée à celle de la métropole dont elle dépend.

Toute l'histoire de la maçonnerie Martiniquaise commence avec la création en 1738 par la Grande Loge des Maîtres Maçons de Paris de la Respectable Loge « La Parfaite Union » à l'Orient de Saint-Pierre.

Durant tout le 18ème siècle la maçonnerie Martiniquaise connaît un développement considérable : 14 loges recensées 5 Orients au travail : SAINT-PIERRE, FORT ROYAL, TRINITE, VAUCLIN et MARIN.

Ce monde maçonnique Martiniquais (population de l'île en 1789 : 15 000 habitants) est bien spécifique.

Il est constitué uniquement de membres de race blanche, aucun noir, aucun métis n'en fait parti.

 Deux types de loges peuvent être observés, celles à dominante métropolitaine et celles à dominante créole ;

La vie de société dans les bourgs se réduit à si peu que la loge apparaît ici comme le lieu idéal de rencontre d'hommes qui se choisissent par affinité ou par intérêt. En principe, chaque loge peut accueillir tout maçon régulier ou initier tout profane jugé digne, qu'il fut militaire, membre de l'administration, planteur ou commerçant, habitant ou étranger fraîchement débarqué. Cependant, le recrutement n'a jamais été uniforme ; beaucoup de loges ont eu leurs dominantes. Certaines ont voulu défendre leurs privilèges, même sociaux, et formuler des exclusives. Il y eu des oppositions irréductibles et puis des apaisements après démissions et parfois évictions, ou après intervention d'une autre loge ou du GOF lui même.

La chance de la maçonnerie du 18ème siècle à la Martinique aura été la prospérité de cette Ile ; en 1788 la Martinique accueillera dans ses ports 1 031 navires dont 168 en provenance de France.

De nombreux contacts s'établissent avec les étrangers et les échanges maçonniques avec les membres des obédiences anglaises et américaines sont nombreux.

Examinons maintenant quelques Loges du 18ème siècle afin de mieux comprendre leur fonctionnement.

   

 « La Parfaite Union »

La Parfaite Union, la plus ancienne Loge constituée à la Martinique, reçoit ses premières constitutions en 1738 de la GL de Maîtres Maçons de Paris.

Le 2 Août 1750 la R. L. Saint Ferréol à l'Orient de Marseille lui délivre de nouvelles patentes confirmant les premières.

En 1752, un incendie ravageant le Fort Saint-Pierre anéantit le Temple et ses constitutions. La loge en donna avis mais la GL de France fit répondre qu'elle ne s'assemblait plus et que la Parfaite Union devait s'adresser à des loges de provinces « biens et dûment constituées ».

La Parfaite Union écrit aussitôt à la R. L. Ecossaise de Marseille qui lui délivre des constitutions en 1753.

En 1775 elle intègre le Grand Orient de France qui lui accorde de nouvelles constitutions avec rappel des travaux à compter de 1738.

Le niveau social de la loge est élevé et riche. 31 membres sont connus, 15 créoles dont un de la Guadeloupe et 16 métropolitains, 8 du Nord, 8 du Sud de la France.

Les professions connues : 11 négociants, 4 marchands, 6 habitants, 3 capitaines de navire,2 employés du roi, 1 substitut du Procureur,1 peintre.

Avant 1775, la PU avait pour sa part créée des ateliers à la Guadeloupe, à la Dominique, à la Grenade, à la Louisiane, à Cayenne, à Fort Royal, au Marin et au Vauclin.

Elle entretenait une correspondance suivie avec des loges du monde entier et son rayonnement dans tout le bassin Caraïbe était considérable.

Une planche du 24 Juin 1777 apprit au GODF que l'Orient de Saint-Pierre n'était pas d'une étendue suffisante qui permit 2 loges : Parfaite Union et Tendre Fraternité Ecossaise s'unissaient pour ne former qu'un seul atelier : « La Parfaite Union et Tendre Fraternité Réunies ».

 

« La Tendre Fraternité », fondée à Saint-Pierre en 1765, fut la 1ère loge de la Martinique à se rallier au GODF.

Sur ces 28 membres connus, 18 étaient métropolitains et 10 créoles.

Les professions : 8 employés du roi, 4 officiers de milice         , 3 officiers d'infanterie, 3 habitants, 5 négociants, 3 capitaines de navire, 1 musicien, 1 bourgeois

En 1777, douze membres de la Tendre Fraternité se joindront aux 16 membres de la Parfaite Union, mettant ainsi en acte le regroupement des loges qu'ils avaient prôné.

Cette nouvelle loge ainsi constituée s'opposera avec force à toute création de nouvel atelier à Saint-Pierre.

 

« La Parfaite Union et Tendre Fraternité Réunies » représentant le renouveau maçonnique du GODF donnera une loge puissante sur le plan maçonnique.

D'un niveau social élevé, aisé, ses membres comptent une majorité de créoles actifs et influents.

Persuadés de représenter l'élite maçonnique de la colonie et partisans d'un regroupement dont ils avaient donné l'exemple, ils vont s'opposer violemment à la création à Saint-Pierre de la loge la Sincérité des Cœurs dont nous parlerons tout à l'heure.

Sur 138 membres connus il y a 64 créoles, 49 métropolitains et 3 étrangers.

Les professions : 49 négociants, 8 marchands, 22 habitants, 14 officiers, 10 employés du roi

12 capitaines de navire, 5 professions médicales, 5 religieux.

La Parfaite Union et Tendre Fraternité Réunies, après les violences de la Révolution Française et l'occupation anglaise de l'île, ne reprendra plus ses travaux.

En 1804, la loge l'Harmonie sera créée et reprendra avec son Vénérable Louis Joyau, ancien de la PU et TFR, la tradition et la clientèle de cette loge illustre.

 

« La Sincérité des Cœurs »

La Fondation de cette loge est assez exemplaire et représentative de la société de Saint-Pierre à cette époque pour que nous nous y arrêtions.

En 1777 la PU et TFR est l'unique loge toute puissante de Saint-Pierre. Des marchands de cette ville estimant que les cotisations exigées sont trop élevées décident de fonder leur propre loge.

Une demande de constitution est présentée le 26 Mai 1777 sous le vocable de la « Sincérité des Cœurs » accompagnée d'un tableau de 8 membres.

Pour faire parvenir leur dossier au GODF, ils doivent s'adresser à la PU et TFR déjà existantes sur le même Orient. Or celle-ci s'oppose à la création d'une autre loge à Saint-Pierre dont les membres fondateurs, dit-elle, « n'appartiennent pas à une classe sociale suffisamment honorable et n'ont pas les mérites requis pour servir la maçonnerie ». La polémique sera rude, d'où cabales, plaisanteries et sarcasme répandus dans la ville de Saint-Pierre.

Malgré l'opposition forte de la PU et TFR, le GODF estimant le nombre des membres suffisants et leurs grandes qualités, accorde les constitutions le 15 Juin 1780.

Il faudra un an pour décider la PU et TFR à installer sa rivale, ce qui fut fait le 15 Mai 1781 après 4 ans de querelles.

Sur ses 236 membres connus : 88 créoles, 114 métropolitains, 12 étrangers, 22 sans lieu de naissance

Professions : 59 négociants dont 3 à New York, 1 à Philadelphie et 1 Anglais, 35 marchands et artisans, 33 militaires, 25 capitaines de navires marchands, 18 habitants, 16 employés du roi, 6 professions juridiques, 8 professions médicales, 2 religieux.

Durant la révolution, la loge se met en sommeil et ne reprendra ses travaux qu'en 1805. Sa fermeture définitive aura lieu en 1815 et est sans doute liée au retour des Bourbons.

 

Un cas particulier : une Loge Irlandaise à la Martinique

Durant les années 1794 à 1802, le Royaume Uni occupe la Martinique.

Beaucoup d'Anglais, d'Écossais et d'Irlandais s'installent dans l'île.

Quelques uns se regroupent et contactent la GL d'Irlande afin de constituer une loge Irlandaise en Martinique.

Le N° 690 est attribué par la GL d'Irlande à la Loge Union à l'Orient de Saint-Pierre. Cette loge aura 22 membres sur ses registres, tous Anglais sauf un, Le F Mollineux.

En 1802 la Martinique redevient Française, le VM et ses surveillants quittent l'île avec la patente et réinstalle la loge à Trinidad.

   

Le 19ème siècle  

Le 19ème siècle connaîtra également un fort développement de l'activité maçonnique à la Martinique. Pas moins de 11 loges y seront créées.

En France, sous Napoléon, la maçonnerie est protégée et complètement au service de l'Empire.

 

La loge l'Harmonie

Sera la loge d'Empire de la Martinique.

Les Constitutions sont demandées le 27 Octobre 1803, accordées le 4 Février 1806, la loge sera installée le 22 Janvier 1807.

Très vite l'Harmonie devient la loge la plus nombreuse de la Martinique. Elle compte parmi ses membres d'honneur les gouverneurs successifs de la Martinique et des Antilles et quasiment tous les membres importants de l'administration Impériale.

Sa composition est à majorité créole, à forte proportion de négociants ; son niveau social est élevé et riche. Sur ses 240 membres connus il y a 142 créoles, 86 métropolitains et 12 étrangers.

Professions : 107 négociants, 24 habitants, 25 juristes, 21 miliaires,14 employés de l'Administration,10 professions médicales, 2 bébés.

A l'arrivée de la Restauration la loge se met en sommeil. Les notables la quittent pour rejoindre une loge nouvelle complètement acquise au Bourbon : La Fidélité.

L'Harmonie reprendra cependant ses travaux et disparaîtra définitivement vers les années 1835.

En France, après 1815 la FM se rallie aux Bourbons aussi facilement qu'elle s'était ralliée à l'empire, le roi lui est favorable, de hauts personnages continuent à la patronner ou à la diriger. Les partisans du Roi à la Martinique adressent une demande de constitution au GOF le 7 Février 1816 et la loge « La Fidélité » est installée le 28 Mai 1818 à Fort-Royal.

Cette loge est d'un niveau social très élevé. On y retrouve, avec les Gouverneurs, les directeurs de l'administration venus de métropole, nombre d'officiers et de représentants des vieilles familles créoles habitants ou négociants, souvent officiers de milice.

Sur 71 membres connus et 2 FF servants hommes de couleur libres, on compte, 31 créoles, 37 métropolitains.

Professions : Le Gouverneur Général des Antilles, Le Gouverneur de la Martinique, 27 officiers, 8 employés du Roi, 8 habitants,15 négociants,6 avocats.

Tous les membres portent les plus hautes décorations du moment.

La devise de son Chapitre est « Deus Gallia Rex ».

Lors du discours d'inauguration l'orateur dira « je voudrais aussi vous entretenir du monarque chéri, qui a rendu le bonheur à la France et qui était si ardemment désiré ».

La loge née avec la Restauration disparaîtra avec elle.

 

Un autre cas particulier : une Loge Anglaise à la Martinique.

De 1809 à 1815 la Martinique est occupée à nouveau par les Anglais. Une demande de constitution est adressée à la GL des anciens maçons d'Angleterre qui autorise le 12 Octobre 1813 la création de la loge « Chosen Friends » N° 359 à l'Orient de la ville de Saint-Pierre.

La patente N° 359 sera la dernière émise par la GL des anciens maçons d'Angleterre. En effet le 27 Décembre 1813, celle-ci fusionnait avec la GL d'Angleterre pour former l'actuelle GL Unie d'Angleterre.

La loge « Chosen Friends » s'éteignit avec le départ des anglais en 1815.

 

L’abolition de l’esclavage

 

En 1848, si l'abolition de l'esclavage est légalement acquise, la querelle entre partisans et opposants n'en est pas pour autant éteinte. Elle s'insinuera dans les loges ou s'opposeront quelques fois avec force les 2 camps ennemis.

 

Dans la RL La Trigonométrie, fondée à l'Orient de Fort Royal en 1832, le conflit sera si fort que le VM mettra l'atelier en sommeil et adressera aux FF la lettre suivante :

 « Je dois vous informer que, dans la séance extraordinaire de samedi dernier, j'ai clos et suspendu jusqu'à nouvel ordre les travaux de notre Atelier.

Les circonstances pénibles qui ont amené cette résolution ont eu trop de retentissement pour qu'il soit besoin de vous les relater.

Veuillez m'épargner ce douloureux récit.

Seulement, comme il est essentiel que les intentions de votre Vénérable ne soient pas méconnues ; comme il importe de prévenir ou de détruire toute fausse interprétation, permettez-moi de vous exposer les motifs qui m'ont déterminé.

Par un acte public que nous devons croire irréfléchi plutôt que coupable, quelques membres de l'Atelier ont répudié ouvertement les doctrines sacrées de la Fraternité.

Ils ont porté à la religion maçonnique une atteinte cruelle qui peut devenir fatale à l'action future de la Maçonnerie dans ces contrées. Et cependant, jamais œuvre plus noble et plus belle ne fut dévolue à cette sublime institution !

En rétablissant des distinctions de peau que la Maçonnerie repousse, que la L de La Trigonométrie a toujours vouées à l'anathème ; en ravivant des rancunes, des inimitiés basées sur ces distinctions réprouvées, ces membres ont fait scission avec leurs Frères. Ils ont rompu violemment notre chaîne d'Union, ils ont jeté dans notre R.L des semences de discorde et de haine ».

Le temps seul calmera les passions et les hommes de couleur pénétreront progressivement les loges Martiniquaises et finiront par devenir majoritaires.

En 1877 un événement considérable se produit au GOF, le convent décide de supprimer de sa constitution l'obligation de la croyance en Dieu. Cette décision aura pour conséquence immédiate la séparation du GOF du corps maçonnique universel et la rupture de ses liens fraternels avec les autres obédiences du monde.

Isolé, profondément politisé, le GO abandonne la tradition des bâtisseurs de cathédrales pour ne se consacrer qu'à la lutte anticléricale, à la cause laïque, aux idées socialistes du moment et à la défense de la République.

Cette nouvelle conception de la maçonnerie Française ne semble pas satisfaire l'esprit qui anime les loges Martiniquaises. Les maçons ici sont plutôt croyants et s'ils comprennent le bien fondé des luttes entreprises, ils ne semblent pas souhaiter que les loges soient le lieu de leur préparation.

Une chose est certaine, l'activité maçonnique décline à la Martinique durant cette période et la fin brutale de l'activité maçonnique à Saint-Pierre en 1902 lui portera un coup fatal.

La dernière loge subsistante, « L'Union dans la Ruche » à l'Orient de Fort-de-France, ferme ses portes en 1903, la Martinique n'a plus d'asile pour les maçons.

 

Le 20ème siècle

 

La création de la Loge « Droit et Justice ».

L'expression de la maçonnerie incarnée par le GOF, c'est à dire anticléricale, athée, Républicaine et laïque, apparaîtra vraiment en Martinique en 1909 avec la création de la R.L. « Droit et Justice ».

Lisons ce qu'écrit le F. Sainte Luce Banchelin à ce sujet :

 « Une des plus belles figures de la démocratie martiniquaise, Antoine Siger, Maire de Fort-de-France, avait été lâchement assassiné le 29 avril 1908, à la mairie, dans l'exercice de ses fonctions. Nos libertés étaient menacées, la réaction soutenue par le parti clérical chantait victoire.

Ont comprit vite le danger qui nous menaçait ; on se réunit et l'on créa la loge Droit et Justice afin de lutter victorieusement contre nos adversaires de toujours....

La réunion préparatoire eut lieu le 8 Mai 1909, date commémorative de la destruction de Saint-­Pierre, à la mairie de Fort-de-France sur convocation du T. ILL. F. Augustin Elizé.

Il y fut procédé à la nomination de cinq lumières et des autres officiers, au scrutin secret, lequel donna comme vénérable Joseph St-Cyr, 1er Surveillant Robert Sévère, 2ème  surveillant Pillerault, Orateur Lagrosillière, Secrétaire Elizé, Trésorier Rosier, Grand Expert Ménivier, Hospitalier Pinville, Orateur adjoint Hector André, Secrétaire adjoint Martial, Trésorier adjoint Mosole, 2ème Expert Savane, Maître des Cérémonies Casimir Magloire, Garde des Sceaux et Archives Coma.

Dans cette première tenue du 8 Mai, la loge, à l'unanimité, décide d'adresser d'urgence au G.O.D.F un rapport pour combattre les attaques injustifiées dirigées contre le grand Français le Gouverneur, notre T. ILL. F. Foureau (l'explorateur) par la réaction martiniquaise ».

Dans la 2ème tenue, le 15 juin 1909 (la tenue d'installation n'a eu lieu que le 1er août 1909) le F. Lagrosillière fait voter la rédaction d'une adresse qui sera remise dès l'arrivée prochaine de l'Inspecteur des Colonies Phérivon pour protester contre les calomnies infâmes répandues sur la démocratie martiniquaise encore et toujours par la réaction coloniale. « Il est temps, s'écrie le F. Lagrosillière, de mettre fin à cette légende qui nous représente comme les ennemis systématiques des blancs ... »

A la réunion qui suivi la tenue d'installation, l'Atelier, à la demande du F. Josa, émettait le vœu que fut appliquée à bref délai la loi sur la séparation des Églises et de l'État.

La Loge s'occupe dès ses premières années de la situation économique, industrielle et politique de la Colonie comme en attestent les rapports documentés conservés dans ses archives.

Le 21 juillet 1921, certains FF de la loge D et J créent, pour assurer la représentation des R.E.A.A. à la Martinique, la R. L. « Les Disciples de Pythagore » sous l'obédience de la G L de France.

En 1929 est créée, toujours à l'initiative de FF de Droit et Justice, la RL « L'Émancipation Féminine » sous l'obédience du Droit Humain.

La 2ème guerre mondiale va étendre un nuage noir sur la maçonnerie, la loi du 13 Août 1940 prononçant la dissolution de l'Ordre Maçonnique est appliquée ici dans toute sa rigueur. L'Immeuble de « Droit et Justice » est vendu aux enchères.

Les outils, décors et archives seront cachés dans une fosse sous l'atelier de forge de F. Séri. Durant cette sombre période on assistera à la trahison de certains Frères, d'autres restés fidèles à notre idéal seront suspendus de leurs fonctions et réduits à l'état de misère.

Le 24 février 1946, les 3 loges réduites en effectif peuvent à nouveau se réunir.

Les travaux reprendront avec une composition des loges bien différente. Les créoles favorables dans leur grande majorité au régime de Pétain ne reprendront plus leurs places sur les colonnes du Temple. Dorénavant les travaux seront moins politisés et la tradition maçonnique mieux observée.

 

Dans la 2ème moitié du 20ème siècle apparaîtront d'autres organisations maçonniques :

La G.L.N.F. L’O.I.T.A.R.

La G.L.F.F. La G.L.C.

La G.L.T.S.O.

La G.L.M.U.

la G.L. Prince Hall des Caraïbes.

La G.L.U.F.

La G.L.F.M.M.

La G.L.I.S.R.U.

La G.L.T.F.A.

La G.L.Fe. M.M.

La G.L.M.M.M.

La G.L.M.F.

La G.L.S.F.

Le G.P.D.G.

 

Faisons en guise de conclusion un état des lieux.

 (GODF - GLDF - DH (les 3 vieilles)

 GLNF

- OITAR

- GLFF

– GL de la Caraïbe

- GLTSO

G.L.M.U

- Prince Hall,

etc., etc. serai-je tenté de dire pour n'en oublier aucune.

« La Quantité est un signe des Temps » disait Guénon.

Nuit-elle à la qualité ?

Crée-t-elle la confusion ?

Désunit-elle un ordre basé sur l'union et la fraternité ?

Les réponses à ces questions sont déterminantes pour l'avenir de notre maçonnerie, pour notre avenir à tous, pour la pérennité de l'Ordre.

Je me pose souvent ces questions, sans jamais parvenir à trouver ces certitudes qui rassurent les esprits simples.

Gémissons, diront certains de nos FF ; espérons répondront les autres ; en tout état de cause votre accueil de ce soir et la grande attention fraternelle que vous avez bien voulu porter à mes propos augmentent mes espérances en l'Ordre et c'est avec joie que j'accepte mon salaire de ce soir. Merci à tous.